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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Dreamworks, Aardman
Réalisation : Peter Lord, Nick Park
Scénario : Nick Park, Peter Lord, Jack Rosenthal, Karey Kickpatrick
Musique : arry Gregson-Williams, John Powell
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Chicken Run
Royaume Uni / 2000
13.12.00
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Après les Oscars, des produits dérivés vendus par milliers, et même des cycles hommages dans les cinémas art et essai de Paris, Peter Lord et Nick Park, autrement dit les Studios Aardman, ne pouvaient que franchir le pas vers le long métrage d'animation. Ou plutôt le long métrage de pate à modeler, genre mélangeant sculpture et animation, qu'ils s ont rendu noble et respectable. Avec des personnages comme le british Wallace et son chien-qui-prend-le-thé Grommit, et des courts métrages inspirés autant d'Hitchcock que de la BD belge, les studios Aardman ont su montrer un vrai talent pour un style peu usité au cinéma.
C'est tout naturellement Jeffrey Katzenberg, à l'époque chez Disney, qui les courtisa. Celui à qui on doit la renaissance du dessin animé made in Disney essaya de signer un deal avec le petit studio britannique au début des années 90. Disney voulait faire Aardman ce qu'ils avaient fait avec Pixar dans l'animation 3D. La peur d'être absorbé, la conscience d'être trop petit (Aardman fonctionne de manière quasi artisanale) font échouer le pacte.
En 94, Katzenberg annonce son départ pour DreamWorks, comme fondateur. Disney n'avait pas su le remercier comme il le fallait. Spielberg lui offrait une occasion unique. Un procès s'en suivit, qui dura jusqu'en 99. Katzenberg voulait récupérer les royalties que lui devait Oncle Picsou. Disney accusait son ancien employé d'avoir transféré des dossiers et des ressources humaines vers le nouveau studio. La similitude entre Antz et A Bug's Life, puis la guerre sauvage entre Le Prince d'Egypte et Mulan n'ont fait qu'accentuer la concurrence entre Disney et DreamWorks au cours des années.
Entre temps, les studios Aardman signent avec Katzenberg, enfin. Lord et Park se sentent beaucoup mieux avec une "petite" entreprise comme DreamWorks qui cherche à se singulariser artistiquement. Aardman signe aussi avec www.atomfilms.com pour la diffusion de ses courts sur le web (avec une série de 26 épisodes lancée le 7 mai 2000). Chicken Run est lancé en pré prod en 97 pour une sortie en juin 2000.
Le délire imaginé par les as de la pâte à modeler met en scène des poules et des poulets, dans une folie mixant comédie musicale, thriller, action révolutionnaire et romance. Les références sont nombreuses, de "Stalag 17" à La Grande Evasion. DreamWorks convainc Mel Gibson (aaaaargh!) déjà à l'affiche dans The Patriot en juin 2000, mais aussi Jane Horrocks (la polyvocaliste de Little Voice) et Miranda Richardson. Ironiquement, le film sort dans le créneau habituellement destiné au Disney de l'été. Mais Disney, dans le souci de "s'indépendantiser" de Pixar, a décidé de miser une fortune sur Dinosaur, et de lancer son épopée 3D en mai. Le combat de gladiateurs entre Disney et DreamWorks n'est pas finit : entre les dinosaures en images de synthèse et le poulailler en pâte à modeler, les spectateurs vont devoir s'habituer à une nouvelle forme d'animation, quoiqu'il arrive.
Très attendu par les cinéphiles, Chicken Run sera crucial pour l'avenir de sa propre espèce. Mais aussi pour la stratégie de DreamWorks. Le studio a prouvé que son flair était plus payant que ses calculs (American Beauty). Dans le domaine de l'animation, après le semi-échec du mal marketé Road to Eldorado, le studio n'a pas le droit à l'erreur avec une telle pépite...
vincy
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