Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Tokuma Shiten, Hakuhodo, Topcraft
Distribution : BVI (Disney Buena Vista International)
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Son : Shigemaru Shiba
Musique : Joe Hisaishi
Directeur artistique : Mitsuki Nakamura
Durée : 116 mn
 

Sumi Shimamoto : Nausicaä
Mahito Tsujimura : Jihl
Hisako Kyôda : Oh-Baba
Gorô Naya : Yupa
Ichirô Nagai : Mito
Alison Lohman : Nausicaä (anglais)
Uma Thurman : Kushana (anglais)
Patrick Stewart : Lord Yupa (anglais)
Mark Hamill : Maire de Pejite (anglais)
 

site officiel anglais
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site du studio ghibli
dossiers : mangas
 
 
Nausicaä de la Vallée du Vent (Kaze no Tani ni Naushika) (Warriors of the Wind)


Japon / 1984

23.08.06
 

Une histoire de princesse, pas de château




Evacuons le premier des malentendus. Nausicaä de la Vallée des Vents n'est pas le premier long métrage d'animation d'Hayao Miyazaki. En 1979, le réalisateur avait mis en scène pour le grand écran les aventures d'Arsène Lupin dans Le château de Cagliostro. Un flop au Japon mais un hit aux USA. Les Nippons préféraient la série TV, plus adulte, tandis que les Américains s'enthousiasmaient pour le film, plus naïf. Spielberg clama son admiration. Cannes en fit le premier film animé projeté lors du Festival.
Nausicaä, en revanche, a marqué les esprits comme oeuvre charnière pour plusieurs raisons. L'immense succès du film au Japon (près d'un million d'entrées, à l'époque c'était du jamais vu pour un "manga") permettra à Miyazaki de créer son fameux Studio Ghibli (et de mettre en route Laputa, le château dans le ciel). Ensuite, de par ses thèmes, sa narration, ses personnages, il était évident que ces aventures sont comme à l'origine de toute la filmographie du maître.

Trop de mercure dans l'eau... En 1993, Miyazaki résumait Nausicaä, avec le recul, ainsi : "Il n'y a jamais eu une oeuvre d'art qui n'a pas reflété de quelque manière son époque... Nausicaä vient de la façon nouvelle dont on regardait la nature dans les années 70." Pourtant tout commence avec des refus. Le studio Tokuma Shoten rejette les projets de Laputa et Totoro. Et finalement, faute de travail, Miyazaki planche sur une bande dessinée avec une certaine Yara, reine de la vallée des vents. Pour lui il s'agissait d'un "bouche-trou". Il se voyait arrêter la BD dès qu'un travail d'animateur se proposerait. Yara était même inadaptable pour le cinéma tant il n'imaginait pas le lien entre les deux. Mais un phénomène changea sa manière de voir les choses. Durant 40 ans, la Baie de Minamata, contaminée au méthyle mercure par une usine chimique, avait été interdite de pêche tant les poissons et les coquillages étaient contaminés à un haut niveau. Et tandis que l'homme était lui-même de plus en plus touché (avec un taux record au début des années 80), les réserves de poissons ré-augmentaient, s'adaptant à l'environnement, survivant à cette eau a priori hostile et leur teneur en mercure ont chuté en deux décennies. De là germa une grande oeuvre environnementale...
Croisant cette inspiration avec un conte traditionnel qu'il affectionnait étant enfant ("La princesse qui aimait les insectes") et la princesse phénicienne de "L'Odyssée" (dans le dictionnaire mythologique de Bernard Evslin), Miyazaki y inséra aussi son aversion de la guerre et superpuissances. Par ailleurs, la bande dessinée devenait populaire. Animage, l'éditeur, pensait donc en faire une adaptation d'un quart d'heure. Mais au final, de pressions en négociations, le long métrage naquit dans un consensus entre producteurs et créateurs.

Premier piliers de Ghibli
De mai 1983 (premier jour de production) à mars 1984 (jour de sortie dans ses 90 modestes salles), il n'aura fallu que 10 mois pour faire cette oeuvre ambitieuse. Et problématique : la bande dessinée est inachevée et le scénario doit se contenter de l'équivalent de 6 chapitres (deux tomes). Il se concentre donc sur l'invasion de la Vallée du vent par les Tolmèques. S'ajoutent d'autres difficultés comme le budget (ric-rac : un million de dollars), la nécessité de trouver un studio d'animation (Topcraft, dont le producteur, Toru Hara deviendra ultérieurement le directeur de Ghibli). Parfois d'un problème surgit un miracle. Ainsi Takahata, producteur imposé par Miyazaki, contre l'envie même de Takahata (!), trouve un jeune compositeur musical : un certain Joe Hisaishi.
Malgré les 915 000 spectateurs en 52 jours d'exploitation, tout n'est pas rose. L'Allemagne boycotte le film pour cause de scènes dérangeantes (désastre écologique, sic!). Le film y sortira en vidéo / DVD en 2005. Un an avant la sortie en salles, luxe suprême au pays du manga, en France. Il aurait, en effet, fallut 22 ans pour que le film soit présenté aux spectateurs hexagonaux (et pas forcément dans les meilleures conditions tant les habitués de Miyazaki ont l'habitude de voir ses oeuvres en début d'année). Entre temps les Français ont subit La princesse des étoiles ou Le vaisseau fantôme en mauvaise copie vidéo, et en version incomplète. Les Américains n'ont pas été mieux lotis avec une édition renommée Warriors of the wind (Guerriers du vent), coupée de ses scènes les plus fabuleuses pour ne se concentrer que sur une série de séquences d'action. Le producteur et le réalisateur s'offusquent : "C'est absolument horrible! Ils ont enlevé la musique d'Hisaishi, changé les dialogues... Nous n'avons pas cédé les droits de distribution aux pays étrangers depuis lors, et nous ne le ferons plus jamais sans un examen minutieux des conditions au préalable.". À cause de Nausicaä, les films de Ghibli seront contrôlés jusque dans leur distribution internationale, au point de réguler, du japon, le calendrier des sorties. Disney (qui a acquis tous les Miyazaki à l'exception d'Arsène Lupin) respectera fidèlement les montages du maître, glanera quelques Oscars mais ne parviendra jamais à séduire le grand public américain...

Amour fusionnel
"Nausicaä n'est pas un personnage qui vient à bout d'un ennemi, mais qui le comprend ou l'accepte comme il est, afin de l'inviter à reconsidéré ses choix. Il est ainsi de lui-même amené à vivre en harmonie avec les autres et avec leur terre" définit son créateur. "Elle a changé ma façon de penser. Pendant que j'essayais de conclure cette aventure, j'ai amorcé un tournant essentiel dans ma façon de penser. L'idée que la nature soit douce, qu'elle ait créé un nouvel environnement pour soigner celui que les humains ont contaminé - qu'elle ait d'ailleurs fait quoique ce soit pour les humains - est fausse. S'attacher à une vue aussi naïve de la Terre est problématique. J'en suis venu à penser de cette façon en écrivant Nausicaä poursuit-il. "Nos vies sont comme le vent ou les sons... Nous naissons, raisonnons avec ce qui nous entoure, puis disparaissons..." Le vent. Celui chaud du Sahara se nomme Ghibli en Italien, patrie de Porco Rosso.
L'oeuvre, avant même d'être connue du grand public, de par ses versions piratées, ses diffusions dans les festivals, nourrit sa propre réputation. Moëbius, le dessinateur, en est un grand admirateur. la bande dessinée comportera, au final 7 tomes, publiés entre 1984 et 1994. Si Nausicaä a tant d'importance c'est sans doute par son rôle-clef dans l'oeuvre de cet auteur adulé. 15 ans plus tard, une lointaine descendante, Princesse Mononoke séduire 17 millions de japonais dans les salles. Il ya pourtant eu clairement un avant et un après Nausicaä, où le manga est passé de vagues productions télévisuelles pour les fins d'après midi et les mercredis à un genre noble de cinéma...
 
vincy
 
 
 
 

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