Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


TFM  

Production : Medienfonds GFP
Distribution : TFM
Réalisation : Oskar Roehler
Scénario : Oskar Roehler, d'après le roman de Michel Houellbecq
Montage : Peter R. Adam
Photo : Carl-Friedrich Koschnick
Décors : Ingrid Henn
Durée : 113 mn
 

Moritz Bleibtreu : Bruno
Christian Ulmen : Michael
Martina Gedeck : Christiane
Franka Potente : Annabelle
Uwe Ochsenknecht : le père de Bruno
 

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Les particules élémentaires (Elementarteilchen)


Allemagne / 2006

30.08.06
 

Lutte continue




Toujours périlleux d'adapter un best-seller au cinéma. Histoire de trahison ou de fidélité... Pour Les particules élémentaires, la trahison était génétiquement inoculée. Il est difficile d'adapter le nihilisme lyrique et pathétique de Michel Houellebecq. Le livre paraît en 1998. Il suit Extension du domaine de la lutte son premier succès en librairie, publié en 1994. Le livre sera aussi la première adaptation cinématographique. Réalisé par Philippe Harel, il donne l'un des premiers rôles dramatiques à José Garcia. Le film sort en 1999 et n'étend son domaine qu'auprès de 55 000 spectateurs.
Quand Les particules sortent, le livre vire au phénomène avec ses 500 000 exemplaires vendus, sa traduction dans 25 langues. Anglais et Allemands se précipitent sur cet auteur qui tend un miroir sans concession à l'homme occidental en déclin. Très vite il est question d'une adaptation. Houellebecq est ravi, à l'avance, de travailler de nouveau avec Harel et Garcia. Mais le financement avorte : les producteurs français ne bouclent pas le projet, réclamant vainement que le film soit fait en anglais.

Lunchs de Michel
Au détour d'un déjeuner à Bruxelles, comme il le raconte sur son blog : "Sur l’adaptation cinématographique des “Particules élémentaires” je n’ai que des souvenirs fragmentaires, à partir desquels je ne parviens pas à reconstituer une histoire cohérente ; la plupart de ces souvenirs sont liés à des repas, en général dans des restaurants chics. On voit que mon statut social commençait à s’améliorer, et que j’étais de plus en plus fréquemment convié à ce qu’on appelle des “déjeuners d’affaires”. Le premier de ces souvenirs est certainement un déjeuner au restaurant de l’hôtel Métropole , à Bruxelles, avec le producteur allemand Olivier Berben. Il avait beaucoup aimé “Les particules élémentaires”, et souhaitait en tirer un film. Je ne crois pas qu’il avait grand chose d’autre à me dire ; il n’avait aucune idée du réalisateur, ni de la direction dans laquelle le scénario devait être développé. Je n’avais pas tellement d’idées à ce sujet, moi non plus, mais en tout cas le cadre me paraissait adapté. C’est à l’hôtel Métropole de Bruxelles qu’ont eu lieu les congrès Solvay, qui ont joué un si grand rôle dans le développement de la mécanique quantique ; c’est là que se sont produites ces discussions Einstein-Bohr où les implications philosophiques de l’abandon d’une description causale univoque du monde ont été, pour la première fois, mises en évidence. Et, sans avoir d’idées précises au sujet du scénario, j’étais  alors certain que les concepts quantiques pouvaient, plus encore que dans le roman, fournir un cadre conceptuel à son développement."
Il achève son amnésie par un constat de dépit : "Il y a quelques mois, j’ai appris que le film allemand était terminé, et qu’il allait prochainement sortir en Allemagne, puis dans d’autres pays. J’en ai été, cette fois, interloqué ; en réalité, j’avais complètement oublié l’existence du projet. On pourrait croire que je suis dépité, amer de constater que les Allemands ont réussi là où nous avons échoué ; et je suis, si l’on veut, dépité et amer, mais ce ne sont pas, malgré tout, mes premiers sentiments, ni ceux qui dominent : je suis, plus que tout, interloqué "

Gémellité
Cette histoire de jumeaux a produit un acte schizophrène. Un film sur lequel s'engage Houellebecq comme scénariste, produit par des français, et qui ne se fera pas. Un autre auquel il donne son accord, à condition de ne pas s'y impliquer, produit par des Allemands. Et malgré les négociations interminables avec l'agent double Samuelson, les atermoiements de l'auteur, la vitesse très contrôlée de Flammarion, le deal se fait, non sans mal. Le producteur Olivier Berben confie qu'il pourrait "écrire un gros livre avec toutes les péripéties de ces négociations pour les droits du film qui ont duré quatre ou cinq ans !"
Le film allemand coûte 6 millions d'euros, drague 400 000 spectateurs en son pays, et, quoiqu'il arrive, ouvre la voie à d'éventuelles adaptations. Le réalisateur, Oskar Roehler, fat partie de cette génération germanique post-seconde guerre mondiale, qui séduit les festivals.Il a mis trois ans pour écrire, après le succès de son précédent film, Agnès et son frère, la version cinéma des Particules. Les deux films ont d'ailleurs quelques similitudes : c'est le même acteur qui tient le rôle principal, dans les deux cas un loser sexuellement "addict". Moritz Bleibtre, qui avait hésité à jouer un personnage aussi ressemblants, a bien fait de se raviser puisqu'il a emporté l'Ours d'argent du meilleur acteur au Festival de Berlin, où le film a été présenté en avant-première mondiale.

Pas si élémentaire
En sortant durant une semaine creuse en nouveautés intéressantes, aidé d'un climat pourri, le film pourrait dépasser les scores habituels de ce type de production. Bénéficiant de la notoriété du livre et d'une campagne médiatique, distribué avec 120 copies, il peut aussi profiter des récentes frasques de Houellebecq (qui n'a pas cessé de faire parler de lui depuis quelques semaines, notamment en voulant se barrer de chez Fayard). Celui-ci veut divorcer de chez Lagardère, accusé de ne pas respecter un contrat : l'éditeur devait aussi lui permettre de réaliser l'adaptation de son propre roman, La possibilité d'une île, récemment rejeté par la commission d'avances sur recettes. Pas de Goncourt. Pas de fauteuil de cinéaste. On ne fait rien qu'à brimer l'un de nos auteurs les plus talentueux, désormais exilé en Irlande.
 
 
 
 
 

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