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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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SND
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Production : Beijing New Picture Film Co Distribution : SND Réalisation : Zhang Yimou Scénario : Zhang Yimou, Wu Nan, Bian Zhihong Montage : Chen Long Photo : Zhao Xiaoding Son : Tao Jing Musique : Shigeru Umebayashi Effets spéciaux : Frankie Chung Chi Hang Durée : 114 mn
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Gong Li : L impératrice
Chow Yun-Fat : L empereur
Jay Chou : le Prince Jai
Liu Ye : Le prince Wan
Qin Junjie : Le Prince Yu
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La Cité Interdite (Curse of the golden flower)
Chine / 2006
14.03.2007
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On ne présente plus Zhang Yimou, cinéaste chinois de la Cinquième génération (les premiers à obtenir un diplôme après la Révolution culturelle), qui a été l'assistant de Chen Kaige dans les années 80 avant d'être révélé au public occidental par son premier film, Le sorgho rouge, Ours d'or à Berlin en 1989. Premier réalisateur chinois à concourrir pour l'Oscar du meilleur film étranger (avec Ju dou, le sang du père en 1990, puis Epouses et concubines en 1991 et Hero en 2003), il se fait l'ambassadeur de ce pays méconnu dont il raconte la vie et l'histoire mais aussi les difficultés. Pendant une dizaine d'années, son cinéma s'attache en effet à montrer la réalité de la Chine dans ses multiples dimensions : vie rurale, pauvreté, situation des femmes, évolution sociale…
Son regard acéré et ses films en forme de témoignages lui valent des récompenses dans tous les festivals où il passe : deux lions d'or à Venise, un grand prix à Cannes, plusieurs Ours à Berlin. Sa muse et compagne, l'actrice Gong Li, qu'il a littéralement révélée, est partie prenante de ce succès. Tour à tour paysanne qui veut laver son honneur (Qui Ju, une femme chinoise, 1992, prix d'interprétation à Venise), concubine en lutte avec les autres épouses de son mari (Epouses et concubines, 1991) ou chanteuse de cabaret protégée par le parrain d'une triade (Shanghai triad, 1995), elle devient le symbole de ce pan de la société chinoise qui est aux prises avec les bouleversements économiques et politiques du pays.
Pour ce huitième film tourné ensemble, elle change toutefois complètement de registre en incarnant une impératrice malade, prête à tout pour se débarrasser de son mari, quitte à déclencher une guerre. En effet, depuis le début des années 2000, Zhang Yimou s'est tourné vers les films d'action. Faisant suite à Hero (2001) et au Secret des poignards volants (2004), La cité interdite est donc le récit de la lutte de pouvoir au sein d'une famille impériale illégitime à l'époque des "cinq dynasties et des dix royaumes" (967-960), période de trouble pendant laquelle la Chine était divisée entre cinq dynasties au Nord et dix royaumes au Sud. L'empereur du film (fictif) représente l'un de ces militaires qui se sont emparés du pouvoir laissé vacant par la corruption, les guerres et le chaos politique. Les risques de conflits entre les différents fiefs et la menace extérieure (les envahisseurs mongols au Nord et les Turcs à l'Ouest) expliquent le climat tendu dans lequel se passe le film : la moindre instabilité risque de coûter et le trône et la vie à l'Empereur.
Certains ont pu s'étonner de voir Zhang Yimou s'intéresser à ce type d'intrigues et de films. Lui qui auscultait la Chine contemporaine se tourne désormais vers des fresques historiques où le spectaculaire et l'action priment sur tout le reste. Pourtant, lui-même refuse de voir les choses ainsi. "Je crois fermement que dans tout film, quel qu'il soit, l'histoire reste l'élément important", explique-t-il. "L'action n'est qu'un outil pour la raconter. C'est un moyen de révéler les relations et de résoudre les conflits. Ching Siu Tung, le coordinateur des séquences d'action, et moi avons collaboré sur plusieurs projets. Son travail culmine avec la séquence de bataille dans laquelle des milliers de guerriers en armure dorée chargent le palais. Cette scène est une de mes préférées. Dans cette séquence, au cœur des activités festives, les plus sombres secrets de la famille impériale vont être dévoilés, tandis qu'un coup d'état a lieu hors du palais. Cette scène englobe le passé et le présent de la famille impériale, confrontée à sa crise la plus grave alors même que le régime est sur le point de s'effondrer. Pour moi, c'est le moment culminant du film." Culminant, sans doute, mais surtout représentatif du nouveau cinéma de Zhang Yimou : spectaculaire à l'extrême, avec une stylisation des combats ainsi qu'un choix soigneux des tonalités de l'image, et parfaitement déshumanisé. Joli, mais sans âme.
Heureusement que le film est également l'occasion de retrouver le formidable acteur Chow Yun-Fat (Tigre et dragon) dans un film asiatique et la magnifique Gong Li, beaucoup plus crédible dans son costume d'impératrice glacée que lorsqu'elle joue les Geishas pour Hollywood... MpM
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