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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Charles Chaplin Productions Distribution : MK2 Diffusion Réalisation : Charlie Chaplin (Charlot) Scénario : Charlie Chaplin (Charlot) Montage : Charlie Chaplin (Charlot) Photo : Roland Totheroh Format : Noir & Blanc ; 1.33 Musique : Eric Rogers (version 1971) Directeur artistique : Charles D. Hall Durée : 68 mn
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Charlie Chaplin : Charlot) (Un clochard
Jack Coogan : le gosse
Carl Miller : l homme
Edna Purviance : la mère
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The Kid (Le gosse)
USA / 1921
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Contexte. En 1920, Charlie Chaplin traverse une phase dépressive due à la mort d’un enfant qu’il a eu avec sa seconde épouse, Mildred Harris. Pour la première fois de sa carrière, il subit de plein fouet un essoufflement dans son inspiration. S’ajoutent à cette crise ses difficultés conjugales exposées dans les médias de l’époque. Le déballage de sa vie privée choque profondément l’artiste.
La rencontre du gosse. Dans son autobiographie Histoire de ma vie chez Robert Laffont, Charlie Chaplin raconte sa rencontre avec Jackie Coogan, l’enfant prodige de The kid :
«Je fus soulagé, dans l’état de désespoir où j’étais, d’aller à l’Orpheum pour me distraire, et ce fut dans ces dispositions que je vis un danseur fantaisiste : rien d’extraordinaire, mais à la fin de son numéro, il fit venir son petit garçon, un enfant de quatre ans, pour saluer avec lui. Après avoir salué avec son père, il se mit soudain à faire quelques pas fort amusants, puis jeta un regard entendu aux spectateurs, leur fit de grands gestes d’adieu et sortit. La salle éclata en applaudissements, si bien que l’enfant dut revenir, exécutant cette fois une danse tout à fait différente. Chez un autre, ç’aurait pu être odieux. Mais Jackie Coogan était charmant et faisait le ravissement des spectateurs. Ce petit bonhomme avait une personnalité très attirante.»
Tout sur ma mère. Dans son autobiographie Histoire de ma vie chez Robert Laffont, Charlie Chaplin raconte sa rencontre avec Jackie Coogan, l’enfant prodige de The kid : « Je fus soulagé, dans l’état de désespoir où j’étais, d’aller à l’Orpheum pour me distraire, et ce fut dans ces dispositions que je vis un danseur fantaisiste : rien d’extraordinaire, mais à la fin de son numéro, il fit venir son petit garçon, un enfant de quatre ans, pour saluer avec lui. Après avoir salué avec son père, il se mit soudain à faire quelques pas fort amusants, puis jeta un regard entendu aux spectateurs, leur fit de grands gestes d’adieu et sortit. La salle éclata en applaudissements, si bien que l’enfant dut revenir, exécutant cette fois une danse tout à fait différente. Chez un autre, ç’aurait pu être odieux. Mais Jackie Coogan était charmant et faisait le ravissement des spectateurs. Ce petit bonhomme avait une personnalité très attirante.»
Impossible de ne pas faire le parallèle entre Jackie Coogan et Charlie Chaplin, tous deux enfants de la balle. Dans ses mémoires, l’acteur évoque les circonstances de son premier contact avec le public. La voix de sa mère vient de se briser sur scène. Le directeur du théâtre qui a déjà vu le petit Charlie chanter le propulse sur les planches : « Au milieu du tohu-bohu, je le revois me conduisant par la main et, après quelques mots d’explication au public, me laissant seul sur scène. Et, devant l’éblouissement des lumières de la rampe et des visages perdus dans la fumée, je commençais à chanter, accompagné par l’orchestre qui tâtonna un peu avant de trouver quel ton j’avais adopté. (…) Au beau milieu de la chanson, une pluie de pièces de monnaie se mit à tomber. Cela fit beaucoup rire. Le directeur de scène arriva avec un mouchoir pour m’aider. Je crus qu’il allait garder l’argent. Les spectateurs comprirent mon appréhension et n’en rirent que davantage, surtout quand il disparut avec le mouchoir et que je lui emboîtai le pas d’un air inquiet. Je ne revins pour reprendre mon numéro que lorsqu’il eut remis l’argent à ma mère. J’étais tout à fait à l’aise. J’interpellai le public, je dansai, je fis plusieurs imitations, y compris une de ma mère chantant une chanson de marche irlandaise.»
Intersections. Les points communs entre Chaplin et Coogan sont plus que troublants :
- Enfants, ils ont respectivement pour mère et père, donc pour modèles fondateurs directs, des artistes de music-hall.
- Tous deux rivalisent de talent et éclipsent sur scène leur géniteur.
- Leur don en fait des stars juniors, mélange de maturité et d’innocence.
Sur le tournage de The Kid, le père de Jackie assiste son fils et interprète aussi le rôle du pickpocket. Quant à Chaplin, il se comporte avec le petit garçon comme avec son propre fils.
Le cinéaste n’a pas revu sa mère, Hannah Hill alias Lili Harley à la scène, depuis 1912. Il a quitté l’Angleterre à 24 ans avec la troupe ambulante la plus prestigieuse de Grande-Bretagne dirigée par Fred Karno. Dans son livre, Chaplin décrit sa mère qui l’a élevé seule et qu’il adore :
« Ma mère jouait les soubrettes de comédie, c’était une mignonne créature frisant la trentaine, avec un teint clair, des yeux bleu-violet et de longs cheveux châtain clair sur lesquels elle pouvait s’asseoir dessus.»
Pendant les prises de vue de The kid, Charlie songe à rapatrier Hannah aux Etats-Unis, mais les thèmes traités par le film sont si intimes qu’ils font remonter à la surface les traumatismes de son enfance : la misère familiale, l'altération de la santé de sa mère, les séjours à l'orphelinat. Il résume cette période avec une belle pudeur : « Picasso a eu une période bleue. Nous avons connu une période grise, au cours de laquelle nous vivions de la charité paroissiale, de bons de soupe et de colis envoyés par les œuvres. »
L’homme qui aimait les femmes . En plus du souvenir de sa mère qui plane, trois femmes importantes de la vie de Charlie Chaplin imprègnent The kid :
- Edna Purviance, sa compagne d’avant son premier mariage avec Mildred Harris. Elle interprète le rôle de la mère séduite et abandonnée.
- Après la mort de leur enfant, le couple Charlie Chaplin/Mildred Harris se sépare. Pendant la procédure du divorce, les avocats de Mildred poursuivent Chaplin et menacent de saisir le négatif du film. Le réalisateur se réfugie dans un état où légalement il ne peut être inquiété. À Salt Lake City, il s’enferme dans une chambre d’hôtel avec deux collaborateurs et plus de quatre cent mille pieds de pellicules, et monte The kid dans ces conditions.
Pendant le tournage, Charlot rencontre sa seconde épouse : Lita Grey. Elle a alors 12 ans. Engagée comme figurante, le réalisateur la remarque, la vieillit au maquillage et lui fait incarner l’ange tentateur de la séquence du rêve. En 1924, Lita a 16 ans. Elle tombe enceinte de Charlie, et l’épouse. Il a 35 ans. Le couple défraie la chronique américaine à cause de sa différence d’âge. Leur presque 20 ans d’écart aurait inspiré la Lolita de Nabokov...
Charlie Chaplin ne fera venir sa mère qu’après la sortie américaine de The Kid. Hannah décèdera en 1928 pendant le tournage de The circus.
Benoît
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