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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Réalisation : Gilles de Maistre
Scénario : Christophe Graizon
Montage : Brian Schmitt
Photo : Thierry Deschamps Musique : DJ Spank & Joey Starr
Durée : 95 mn
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Samy Naceri : Alain
Jean-Marc Thibault : Hugues Henri Lègle
Bernard Le Coq : Cervois
#378 : l'inspecteur de police
Nils Tavernier : Jean
Elsa Zylberstein : Zebulon
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Féroce
France / 2002
17.04.02
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Dès les premières images de Féroce, on ressent un mode de traitement journalistique. Rythmée par les complaintes saccadées de Joey Starr (leader « surmédiatisé » du groupe NTM), une altercation entre beurs et keufs prend fin dans un bain de sang injustifié. Ne serait-ce que par la couleur de la peau des victimes... Malgré une histoire romancée sur fond de thriller, ce deuxième long métrage paraît tourné à la manière d'un documentaire tant dans les parties liminaires que dans certains passages de l'intrigue. Effectivement, depuis 1985, Gilles de Maistre (réalisateur de Féroce) se positionne comme auteur et réalisateur de plus de cent grands reportages et documentaires sur des sujets très éclectiques. La drogue, les enfants et le guerre, les SDF, l'Apartheid etc. Tout au long de sa carrière télévisuelle, il a été criblé de prix prestigieux tels que l'Emmy Award du meilleur documentaire, le 7 d'Or du meilleur grand reportage, le Prix Albert Londres 1990. La liste est loin d'être exhaustive. Pour son premier film Killer Kid, sorti en salles en 1994, il s'empare de ses thématiques chéries : la xénophobie ainsi que la plongée de l'être humain dans l'appât tendu par le pouvoir extrémiste. Il fait à nouveau appel à Samy Nacéri, qui partagera aussi la vedette de son prochain film, Disparue, en compagnie de Guillaume Canet (tournage prévu en août 2002).
C'est la deuxième fois que Samy Naceri est dirigé par Gilles de Maistre. Celui-ci l'avait déjà engagé dans son premier long métrage Killer Kid en 1992. Et le réalisateur lui a consacré un portrait diffusé sur Canal en 2001, Samy intime. La popularité de Samy Nacéri décolle aussitôt quand il obtient le premier rôle, celui de Daniel, le chauffeur de taxi fou, dans le premier opus de Taxi, de Gérard Pirès. Avec Féroce, il renverse la tendance et incarne un personnage à la façade refroidie et au visage constamment figé par la haine. Gilles de Maistre réunit un casting assez performant avec des acteurs brillants. Jean-Marc Thibault, alias Hugues Henri Lègle, dans la vie beau frère du Premier Ministre Lionel Jospin, impose avec justesse l'image d'un fasciste cynique et odieux. Le rôle de Zébulon, semble de trop : le caractère uperfétatoire, excentrique et déjanté de cette chargée de la communication de la Ligue Patriotique, pousse la caricature à l'extrême et décrédibilise la rigueur persiflée des membres du parti.
Avec Féroce, Gilles de Maistre veut poser la question de la lutte contre l'extrême droite dans une démocratie mais il souhaite aussi dénoncer la banalisation des groupes d'extrême droite. Le scénario de Christophe Graizon s'intitulait originellement « Le chef m'a emballé ». L'idée de ce scénario remonte à l'époque de l'affaire Vitrolles. L'assaut de la ville par le FN a déclenché une polémique nationale, voire européenne. A ce moment-là, une pétition circulait dans les milieux du cinéma pour dénoncer l'extrême droite. Christophe Graizon et Gilles de Maistre ont voulu aller plus loin en posant la problématique suivante : «Comment se débarrasse-t-on de l'extrême droite dans une démocratie si on veut respecter l'Ethique et les Lois ?».
En terme de production, seul Canal + a permis que le film se fasse ; les autres coproductions se montrant frileuses face au sujet du film. Même topo pour la distribution : après des mois de tergiversations, Tetra Media, la société de production, a investi 400 000 euros pour que le film puisse théoriquement voir le jour le 17 avril 2002. Encore aujourd'hui, Féroce affronte le barrage des programmateurs de salles. Pour l'instant, seul le programmateur d'Europalace (Gaumont/Pathé) et quelques exploitants indépendants courageux ont accepté de prendre le film. Pour couronner le tout, vient s'ajouter cette dépêche révélatrice du 02 avril dans laquelle Jean-Marie Le Pen, le leader du FN, a demandé une interdiction du film Féroce jusqu'à la fin de la période électorale pour, entre autres, diffamation. On sent une pointe de paranoïa dans l'air... Se sentirait-il visé par la création fictive d'un parti politique tout entier et d'un politicien manipulateurs, fascistes, criminels et véreux ?
En tout cas le Tribunal l'a débouté!
agnès
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