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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : El Deseo SA
Distribution : Pathé Réalisation : Pedro Almodovar Scénario : Pedro Almodovar Montage : José Salcedo
Photo : Javier Aguirresarobe
Musique : Alberto Iglésias
Durée : 112 mn
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Javier Camara : Benigno
Dario Grandinetti : Marco
Leonor Watling : Alicia
Rosario Flores : Lydia
Geraldine Chaplin : Katerina Bilova
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Parle avec elle (Hable con ella)
Espagne / 2002
10.04.2002
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Sa mère est morte. Pour Almodovar, ce fut une tragédie. Parle avec elle est-ce avec la mort ou avec la mère? Son dernier opus est un aveu de solitude. Après le triomphal Tout sur ma mère, loin de l'exhubérance passée, ce drame n'aura pas le droit aux honneurs de Cannes (Almodovar dit que le Festival ne l'a même pas approché) mais simplement le prestige du Festival de Paris.
Pour ce film il s'est inspiré de faits et notes qu'il a relevé : une femme qui se réveille après 16 ans de coma, le viol d'une morte par un gardien de morgue qui a pour conséquence de réveiller la victime, une fille dans le coma qui s'est retrouvée enceinte, une phrase de Cocteau, des séries B sur la mutation de l'être humain...
Et en effet tout cela se retrouve dans ce film, un des meilleurs Almodovar. On y retrouve les destins qui se croisent, un film muet onirique de 7 minutes (où un homme rétrécit et joue les spermatozoïdes), les taureaux et la danse. Almodovar aime utiliser les autres films pour raconter le sien. Là il s'inspire de Griffith, Lang, Mureneau... L'Espagne a produit peu de films muets.
Il a aussi associé deux grands artistes : la chorégraphe Pina Bausch et le chanteur résilien Caetano Veloso qui interprète un magnifique "Cucurrucucu Paloma" devant Marisa Paredes (Talons Aiguilles) et Cecilia Roth (Tout sur ma mère), dans la résidence même d'Almodovar, "en direct".
Pour ce film, Almodovar a choisi des acteurs avec qui il n'avait jamais tourné. Javier Camara est une star de la TV. On l'a aussi vu dans Torrente (Semaine de la critique, énorme hit en Espagne) et le récent Lucia y el sexo. Dario Grandinetti est argentin. Il fut cité comme meilleur acteur dans de nombreux festivals (dont Biarritz) avec El Lado oscuro del corazon.
Leonor Watling est une jeune étoile montante du cinéma espagnole. Bigas Luna l'a enrôlée pour son Son de mar. Rosario Flores, fille de la star du flamenco Lola Flores (une des grandes figures admirées par Almodovar), a commencé au cinéma il y a 20 ans. Elle a aussi enregistré trois albums qui ont du succès. Géraldine Chaplin, fille de Charlie Chaplin, ex petite amie de Carlos Saura, a fait ses débuts dans Limelight, de Charlot. Danseuse, elle se consacra à la comédie dans les années 60. Elle donna la réplique chez Deray à Belmondo, dans Par un beau matin d'été. Puis elle devint la femme d'Omar Sharif dans l'immense succès de David Lean, Docteur Jivago. Elle tourna pour Saura, Altman, Ivory, Deville, Lelouch, Resnais, Rivette, Scorsese et Zeffirelli.
Aucun film d'Almodovar n'a eu moins de 450 000 entrées depuis 1987. Trois seulement ont dépassé le million d'aficionados. Sans Cannes, et avec Chihiro en face, il faut bien tout le poids de la critique dythirambique pour espérer que son film fasse aussi bien que le mauvais Kika ou l'excellent Femmes au bord de la crise de nerfs, soit 600 000 auditeurs.
Almodovar / Bausch, un duo d'émotions.
Parle avec elle commence par une scène de "Café Müller", l'une des pièces les plus connues du répertoire de Pina Bausch (1978) et s'achève par "Masurca Fogo" (1998). La surprise est de voir la chorégraphe interpréter elle-même un duo. Car Pina Bausch est un mythe de la danse contemporaine, de la danse-théâtre (tanztheater) en particulier. Si ses apparitions sont rares sur scène ou à l?écran, ce sont à chaque fois des enchantements tant par sa présence que par la force de cette femme à l'apparente fragilité.
Almodovar a saisi que la danse était l'un des meilleurs moyens d'aborder l'intériorité, l'intimité et l'émotion. La danse est un des fils conducteurs de Parle avec elle. Elle intervient comme des pauses, des bribes du passé ou des espaces d'évasion.
Ce n'est pas la première apparition de Pina Bausch au cinéma : il y a eu d'abord ses participations dans Die général Probe de Werner Schroeter en 1980 et dans Et vogue le navire de Federico Fellini en 1983. Elle est passée ensuite de l'autre côté de la barrière en concevant et réalisant La Complainte de l'Impératrice en 1989. Toutefois, il demeure difficile de transmettre l'émotion de la danse par l'image sur grand écran. Almodovar ne tombe pas dans le piège et extrait des images de spectacle ou de répétitions, là où quelque chose se passe.
Après avoir fêté les 25 ans du Wupperthal Tanztheater, Pina Bausch présentera "Agua", sa dernière création inspirée des ambiances de la ville de Sao Paulo au Théâtre de la Ville à Paris du 18 au 30 juin 2002. vincy & serge
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