Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : K/W Productions, Denver & Delilah Films, VIP Medienfonds 2, MDP Filmproduktion
Distribution : Metropolitan Filmexport
Réalisation : Patty Jenkins
Scénario : Patty Jenkins
Montage : Jane Kurson, Arthur Coburn
Photo : Steven Bernstein
Décors : Edward T. McAcvoy
Musique : Brian Transeau
Durée : 111 mn
 

Charlize Theron : Aileen Wuornos
Christina Ricci : Selby Wall
Lee Tergesen : Vincent Corey
Bruce Dern : Thomas
Scott Wilson : Horton
Pruitt Taylor Vince : Gene
Annie Corley : Donna Tentler
 

Site officiel
Site officiel français
 
 
Monster


USA / 2003

14.04.2004
 

Monster est le premier long métrage de Patty Jenkins. C’est en voyant une interview télévisée d’Aileen Wuornos que la réalisatrice s’est lancer dans ce projet. Encore fallait-il le monter, tout en respectant les familles des victimes, trouver la comédienne qui incarnerait Wuornos à la perfection et, pourquoi pas, obtenir des témoignages de la tueuse et de sa compagne, pour développer au maximum l’idée initiatrice du projet. La cinéaste nous explique : « Comme tout le monde, j’avais entendu parler d’Aileen Wuornos. Je n’arrivais pas à me satisfaire de l’image réductrice et sensationnaliste que l’on nous présentait de cette femme. Sans vouloir l’excuser et avec respect pour les familles des victimes, je souhaitais découvrir ce qui se cachait derrière l’horreur d’un fait-divers aussi particulier ».





C’est en tombant sur une rediffusion de L’avocat du diable que Patty Jenkins a pressenti Charlize Theron pour interpréter le premier rôle. La comédienne reçut le scénario de Monster alors qu’elle travaillait sur le tournage de Braquage à l’italienne et donna aussitôt son accord. Elle devint ensuite co-productrice du film pour garantir son engagement et assurer l’indépendance du projet. Patty Jenkins se souvient : « Incarner Aileen Wuornos était un véritable défi. Charlize s’est associée au projet très tôt avec une intention rare : respecter la vérité et transmettre une histoire sur laquelle chacun pourra se faire une opinion. (…) Je ne crois pas que beaucoup d’actrices soient capables de son investissement personnel. A mon sens, même si elle est incroyablement jeune, Charlize trouve ici un des plus grands rôles de sa vie ».

Charlize Theron dans la peau d’Aileen Wuornos : il fallait y penser ! La comédienne s’est livrée à un impressionnant travail de métamorphose pour ressembler à la vraie tueuse en série. Une prise de poids de 15 kilos, un masque en latex et de fausses dents : au final, Charlize Theron est ici totalement méconnaissable. Sans parler du dévouement dont elle a fait preuve pour aiguiser la psychologie de son personnage. D’impressionnantes performances qui lui ont valu, ces derniers mois, une véritable pluie de récompenses : oscarisée le 29 février dernier, Theron a également reçu le Golden Globe et l’Ours d’Argent de la meilleure actrice ; le tout entre quantités d’autres récompenses décernées par la profession… Le film et sa réalisatrice, quant à eux, n’ont pas été en reste côté nominations et distinctions… Retour sur une histoire vraie dont l’adaptation au cinéma a déjà fait couler beaucoup d’encre.

Née en 1956 dans le Michigan, Aileen Wuornos, prostituée, a été condamnée à mort en 1992 pour le meurtre de six de ses clients. Lors de son procès, elle avouera avoir tué un septième homme, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Après 12 années passées dans les couloirs de la mort en Floride, Wuornos a été exécutée par injection létale le 9 octobre 2002.
Victime d’abus sexuels et de maltraitances durant son enfance, puis toxicomane, Aileen Wuornos a commencé à se prostituer dès les premières années de son adolescence. En 1989, elle commet son premier meurtre. Durant son procès elle a affirmé avoir toujours agi en état de légitime défense. Sa compagne Tyria Moore, appelée à témoigner, a infirmé ces dires.

Aileen Wuornos, fut désignée comme la première femme tueuse en série des USA. Dans les faits, il existe, aux Etats Unis, plusieurs affaires antérieures de meurtres en série commis par des femmes, mais le cas de Wuornos reste le plus atypique, car exceptionnellement proche des raisonnements et modes opératoire d’un serial killer masculin.
Sur un plan médiatique, son histoire a suscité bien des polémiques, dépassant largement le cadre de sa sordide odyssée meurtrière. Dans la ligne de mire : l’appareil judiciaire américain lui-même. Toute une série d’abus qui ont été dénoncés par le documentariste Nick Broomfield, réalisateur du célèbre Kurt and Courtney en 1998 et de Biggie and Tuppac en 2002. Broomfield a déjà consacré deux films à l’affaire Wuornos : Aileen Wuornos : the selling of a serial killer en 1993 (Grand Prix au Festival de Sundance l’année suivante) et Aileen : life and death of a serial killer en 2003, un film co-réalisé avec Joan Churchill.

Deux documentaires sur le même sujet mais très distincts de Monster. Le positionnement de Patty Jenkins, la réalisatrice, étant ici tout autre. Rappelons que Monster n’est pas un thriller, mais un drame biographique. Nuances donc !
Cibles du film : tous les éléments qui ont fait basculer Aileen Wuornos dans sa folie meurtrière, et non ses actes à proprement parler. Aux premières loges : sa relation passionnelle avec Tyria Moore, vécue comme un ultime espoir d’amour.
Pour développer le projet, un travail de documentation très pointu s’est ainsi imposé. Travail qui aurait difficilement pu être mené, sans le témoignage même d’Aileen Wuornos. Patty Jenkins et Charlize Theron ont donc rencontré la condamné lorsqu’elle était incarcérée, ainsi que sa compagne. Une relation de confiance s’est instaurée entre la réalisatrice et Wuornos. La nuit précédant son exécution, Aileen Wuornos permit à Jenkins d’accéder son courrier personnel : une correspondance qu’elle entretenait quotidiennement avec une amie d’enfance. Une véritable mine d’or pour la réalisatrice. A manier avec objectivité et prudence ! « En ayant soudain accès à ce témoignage hors du commun, je me suis sentie investie d’une responsabilité écrasante. Je ne devais prendre parti ni pour Aileen, ni pour ses victimes, nous confie Patty Jenkins. Au cours de l’année précédant son exécution, Aileen avait atteint un véritable style dans sa façon d’écrire. Elle confiait ses pensées, ses souvenirs, avec la sincérité d’une femme qui savait sa vie derrière elle et sans aucune recherche d’effet, ni intention de s’absoudre dans la postérité. (…) Aileen ne réécrivait pas son histoire, tout y était consigné franchement, mais elle apportait une lecture intérieure, un autre regard. J’ai alors pris conscience que ce que j’avais pressenti était vrai : on ne pouvait pas réduire cette femme à un monstre, même si ce qu’elle avait fait était monstrueux ». Et Charlize Theron d’ajouter : « Pour la première fois, nous avions une chance de partager le parcours intérieur de quelqu’un qui, tout en étant une criminelle, fut aussi victime, et qui en fin de compte, assez banalement, ne cherchait que l’amour. Chacun jugera, le film n’est ni une plaidoirie pour, ni un réquisitoire contre. Que chacun ressente et se fasse son idée. Notre seule ambition est qu’elle soit nuancée ».
 
sabrina
 
 
 
 

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