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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Vor (Le voleur et l'enfant - The Thief)
/ 1998
23.12.98
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L'ENVOL
- J'aurais préféré que tu ne reviennes pas...
- Menteuse !
Un film russe est rarement joyeux. L'âme slave prête aux dérives mélancoliques. Pourtant Le Voleur et l'enfant est un peu différent. Le sujet aurait pu porter à tous les extrêmes mélodramatiques. Mais avec un rythme soutenu, un scénario assez riche, et 3 acteurs magnifiques, l'oeuvre devient un film agréable et triste, touchant et instructif. En revanche, techniquement, il souffre de son manque de moyens.
Tout débute dans un paysage beige et gris, dans la boue et le brouillard. La Russie d'après guerre. Là un enfant naît sur les bas côtés de la route. Quelques années plus tard, la (très) jolie maman voyage à travers une Russie toujours Stalinienne. Elle croise le regard d'un soldat (très beau lui aussi). Le tout sous les yeux d'un enfant, la voix off, les yeux du film, le je de la narration.
A l'instar de A Summer by the river, l'enfant s'initie à la vie à travers l'autorité paternelle. Et comme tous les films russes, il s'agit de replonger dans l'époque communiste, de croquer le portrait d'une Russie peu sexy, notamment en filmant des personnages pittoresques. Certains plans sont burlesques; par exemple : la grosse dame se faisant photographier sur la plage de la Mer Noire. Mais on ne comprendra pas pourquoi le cadre est si peu soigné, coupant en deux les visages pour nous laisser voir des pieds...
De vol en cambriolage, le trio se soude en famille, chacun apportant quelque chose à l'autre, tout en le détruisant. La liberté du voleur, la femme qui sombre son angoisse dans la vodka, l'enfant qui grandit...
Les moments les plus forts surviennent dans le rapport conflictuel entre le voleur qui joue au père et l'enfant sans père. Un conflit ambivalent, entre violence et attraction.
Si la fin est dramatique, plus que tragique, on s'étonnera de la facilité de certains symboles (le train et le sexe, l'enfant icône vivante, ...).
Un film non dénué de charme au final, qui doit beaucoup à son interprétation (l'enfant est excellent), mais qui est sans doute victime de sa grammaire cinématographique. A force de se pencher sur son après guerre, le cinéma russe n'arrive toujours pas à se défaire de son style académique. Même dans ses films les plus modernes comme celui-ci. Vincy
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