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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Wanted (Crime Spree)
France / 2003
16.04.03
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MARCHE À L’OMBRE
Il y a un évident désir de filiation avec Les Tontons Flingueurs. Dommage que le résultat final ressemble plus à Hold Up d’Alexandre Arcady. La faute à une absence d’exigence. Car nous ne pouvons pas incriminer le scénario (bien foutu, remplis de rebondissements), le choix des comédiens ou même l’humour (parfois noir) qui se dégage des dialogues ou des situations.
Dès la première séquence, un braquage, nous savons que nous sommes dans un polar qui se veut comédie, puisque le vol s’achèvera en débandade. Les gangsters ne semblent pas menaçants. Ils seront davantage menacés, à force de gaffes, de hasards malencontreux et de trahisons. Surtout que la communication est assez limitée : onomatopées, grognements, phrases courtes, personnages solitaires ... Quand ils sont bavards, c’est en anglais, ce qui, à la vue du casting, empêche une fluidité linguistique, détériorée par leur accent épouvantable (inclus Keitel qui nous la joue " parrain " italien). D’ailleurs pourquoi les faire parler en anglais entre eux, alors qu’un seul ne comprend pas le Français. Pourquoi la majorité ne fut pas la plus forte à imposer une langue ici snobée. Pire, quand ils savent parler (avec des mots compliqués), quand ils veulent " communiquer avec l’autre ", ils ne sont pas compris. Vous avez saisi : nous avons à faire à une brochette d’abrutis incarnés par des stars.
S’il ne faut jamais sous estimé l’adversaire, ce qui conduira à un final en cascades (chacun en prendra pour son grade), on aurait tort de surévalué ce divertissement, certes rythmé, mais hélas trop vide. Après toutes les mésaventures de ces malfrats, le spectateur sort de la salle sans rien savoir d’eux, sans saisir quelle subtile psychologie les habite, ou même quels sont les liens antérieurs à ce casse de Chicago. Cette carence scénaristique empêche de s’attacher aux personnages ou même de créer des enjeux personnels entre eux. Le principal défaut restera la réalisation, digne d’un feuilleton télévisé. La direction d’acteur est aussi négligée : hormis Albert Dray et Harvey Keitel, qui s’éclatent dans leur contre-emploi, les autres ne jouent que leur propre caricature. Mention à Freiss, qui apporte juste un brin de fraîcheur. Mais tout cela manque un peu d’originalité malgré le ton singulier et plaisant. Détourner, voire parodier, le polar amerloque ne suffit pas. Il faut aussi y donner un certain sens.
Le film, hélas, ne dépasse jamais le stade du clin d’oeil. Le plus excellent d’entre eux est bien évidemment ce plan où Johnny et Renaud zappent de chansons sur un juke box, satisfaits d’eux-mêmes. L’un insiste pour écouter " Que je t’aime ", l’autre préfère sa chanson (" Dès que le vent... "). Une sorte de duo pour Les Enfoirés, avec des tubes des années 70. Wanted c’est cela : une compilation de citations, un rendez-vous de potes, un esprit nostalgique. Sans consistance. vincy
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