Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'Anglaise et le Duc


France / 2001

07.09.01
 



LA REVOLUTION ROHMERIENNE





"- Je doute que l'Etre Suprême soit du parti des tyrans. "

Ce qui frappe tout d'abord dans L'Anglaise et le Duc, c'est le parti pris esthétique adopté par Eric Rohmer. Au départ, on est un peu surpris par le procédé d'incrustation parfois maladroit des personnages sur des décors peints selon des gravures de l'époque. On ne peut s'empêcher de penser aux livres de décalcomanies dans lesquels on colle des personnages sur des paysages un peu flous.
Au début, on trouve ça drôle. Puis petit à petit, on s'habitue. Ou plutôt, on fait abstraction car le scénario prend le pas. Parce que ce qui prime avant tout dans le film de Rohmer, c'est un scénario extrêmement bien écrit avec des dialogues et des acteurs formidables. Le cinéaste évite absolument tout côté emphatique dans sa reconstitution du langage du XVIIIème siècle. Le discours employé nous mène avec beaucoup de charme dans l'évocation de cette période historique.
Côté Histoire justement, Rohmer adopte là encore un parti pris puisque l'époque n'est relatée qu'à partir du seul point de vue de Grace et de son quotidien. Habituellement, elle est racontée de l'intérieur, à partir de protagonistes (masculins) des différentes périodes révolutionnaires. Ici, le point de vue du personnage féminin politiquement éclairé (et anglais de surcroît) est intéressant. Elle ne participe pas réellement à la Révolution, mais y joue tout de même un rôle par ses relations (le duc fait partie du camp des révolutionnaires), par ses prises de position (elle tente de convaincre le duc de ne pas voter la mort du roi) et enfin par son côté humaniste (même si elle n'a pas d'affinités avec le marquis de Champcenetz, le gouverneur royaliste des Tuileries, elle se décide à le cacher au péril de sa vie et s'oppose à ce régime de terreur qu'elle juge abominable). Ce personnage féminin est d'une extrême rareté puisque d'une part, les femmes ont peu pris part aux luttes révolutionnaires, et d'autre part, elles se sont rarement affichées avec une telle assurance et une telle droiture dans leurs opinions (Grace n'a rien à se reprocher puisqu'elle se tient hors du combat politique mais elle avoue malgré tout, sans dissimulation aucune, qu'elle reste opposée au régicide). Le choix de Rohmer de passer par le quotidien d'une Lady anglaise relativement retirée de l'action révolutionnaire apporte un point de vue historique extrêmement intéressant : rarement les côtés négatifs de la Terreur (la violence de la délation, de la surveillance, de l'arbitraire, voire de l'injustice) auront été aussi finement montrés.

Pour terminer avec L'Anglaise et le Duc, on peut dire que le film est un cru particulier dans la filmographie de Rohmer puisqu'il ne ressemble pas aux autres films du réalisateur (les détracteurs seront surpris). Ici, point de marivaudage, de comédie amoureuse. On peut presque dire, sans aucunement juger ses précédents films, que le propos de L'Anglaise et le Duc est au-delà, que le film est plus extérieur (selon Rohmer, ses autres films sont plus personnels), qu'il est davantage ancré dans l'Histoire et non pas dans les sentiments.
 
laurence

 
 
 
 

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