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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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SPY ACADEMY
"- Un athlète comme toi devrait avoir son propre jeu vidéo"
Après bientôt 20 épisodes au service de sa majesté, James Bond peut finir par lasser. Ian Fleming a tout de même créé son personnage emblématique en 1953. En ces temps là, la mondialisation était encore un sujet de science fiction et les espions avaient du pain sur la planche pour dénouer les complots machiavéliques qui opposaient les diverses puissances de l'échiquier mondial. Fréquentant la "haute", l'agent secret se devait de posséder de solides notions de savoir vivre et une certaine classe pour ne point choquer les ladies qui ne manquaient pas de border son chemin. Bref un standing et des activités auxquelles les producteurs de 007 ont bien du mal à renoncer aujourd'hui pour ne pas trahir une tradition respectable qui a fait recette, quitte à faire du personnage un type qui pourrait passer désormais pour un privilégié snobinard s'agitant dans un univers chicos aux enjeux plus trop crédibles.
Il peut donc sembler raisonnable qu'une bande de petits malins juge qu'il soit grand temps de passer un coup de plumeau sur tout ça en servant à la nouvelle génération l'espion qui la représente. Le passage de flambeau ne fait pas dans le détail et joue la carte d'une dérision irrespectueuse des plus actuelles. On voit ainsi dés l'ouverture de XXX, un smoking en mission se prendre une magistrale raclée, alors que ce dernier ne semble plus du tout dans son élément, paumé en plein déchaînement d'un concert musclé des indus Rammstein. Radical et assez amusant. Maintenant reste à savoir par qui les audacieux ont projeté de remplacer l'éternel dégustateur de Martini. Par Vin Diesel, ça on le sait puisqu'on a vu les affiches. Mais qui est exactement ce Xander Cage ?
Le sauveur de notre monde actuel n'a déjà pas cette prétention "consternante" d'être né en Angleterre, il ne peut venir bien évidemment que des Etats-Unis, patrie où résident les hommes d'action efficaces à l'attitude culturellement universalisée. Meilleur pour la hype, pas forcément pour le bon goût, ni pour les mots d'esprit au ras des pâquerettes ou juste chipés à son prédécesseur. Tatoué, ne se refusant pas à s'exhiber en boxer et manteau de fourrure (Dolce & Gabana) histoire de dévoiler ses pectoraux, l'homme a grandi dans la rue et se plait à le montrer outrageusement. Il en tire aussi une grande partie de ses préceptes là où James Bond est déjà confortablement installé dans l'establishment. Militant dans une curieuse organisation underground à la croisée de José Bové et du Happening façon MTV, Xander Cage fait son propre show consistant à ridiculiser le pouvoir en place. C'est aussi un prétexte à se faire plaisir avec un évident sens du démonstratif nombriliste. Une fois enrôlé (de force), son manque évident de patriotisme va cependant poser quelques problèmes pour justifier ses actes. Difficile en effet de se faire passer pour un civil sans engagement quand on est poussé à liquider un paquet de malfrats. Là où l'agent 007 bénéficie du permis de tuer officiel pour mener à bien froidement sa mission, XXX n'aura pour circonstances atténuantes que la légitime défense. Ca coince au rayon idéaux. Les scénaristes en sont d'ailleurs conscients et s'appliquent à ne jamais mettre leur héros en situation d'abattre froidement d'une balle ses opposants. Au corps à corps, ça se règle au coup de poing, pour le reste la mise à mort est distanciée par des effets pyrotechniques. Hypocrite peut-être dans ses contradictions et un brin irresponsable, car au bout du compte Xander Cage finit par jouer de sa nouvelle position d'espion pour se taper la frime (parfait pour la drague). Attiré par les exploits extrêmes qu'il est amené à réaliser, il en oublie de se soustraire au système qui l'exploite, assurant sa besogne avec juste quelques ronchonnements. Finalement l'essentiel réside dans le spectaculaire tourné vers le divertissement qui fait office d'excuse envers les écarts de bonne conscience.
Hélas, triplement hélas même, le film ne parvient même pas à convaincre par son rythme. L'intrigue est laborieuse, les scènes d'explosion boursouflées sont empilées comme des assiettes et aussi imaginatives que celles d'un épisode de l'Agence tout risque, pour lequel le réalisateur aurait eu une rallonge budgétaire suite à un heureux grattage au Tacotac. L'ensemble tire en longueur, au point où on se désespère de voir une nouvelle séquence de cabrioles se profiler alors qu'on espérait enfin la conclusion.
Difficile de considérer cette nouvelle franchise comme prometteuse et surtout pertinente. Au final Rob Cohen sert à la louche une simple réactualisation de clichés révélateurs de leur époque, certes, mais qui déçoivent par leur manque d'audace progressiste. Asia Argento en fera les frais, puisque l'ensemble se complait dans le machisme peu élaboré et la relègue au rayon ancestral de la James Bond girl potiche et sexy façon destroy (là est le progrès ?). Quitte à secouer la mythologie de Ian Fleming, on s'attachera finalement les services de l'andouille Mike Myers et de son Austin Powers. Lui est drôle au moins dans ses périodes de grande forme. petsss
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