Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tigerland


USA / 2000

30.05.01
 



LE DROIT D'ETRE TUE ?





"- Je suis un allumé raté"

Mon dieu, un film de guerre mis en scène par Joel Schumacher, le cinéaste le plus réactionnaire d’Hollywood. Imaginez le massacre le metteur en scène des nauséabonds 8mm et Le Droit de Tuer ? qui s’intéresse à l’entraînement des Marines avant d’aller combattre au Vietnam !! On craint le pire, un pamphlet militariste exaltant les vertus patriotiques américaines.
Et bien non. Tout faux. Tigerland c’est exactement le contraire, un brûlot antimilitariste surprenant qui ne ménage par la sacro-sainte armée américaine.

Joel Schumacher, oublions un instant son passé de réalisateur ambigu, signe un très bon film de guerre, une variation utile de la première partie de Full Metal Jacket de Stanley Kubrick.
Grâce à l’utilisation intelligente de la caméra numérique, il nous immerge dans l’enfer de l’entraînement d’un Marine, nous fait de partager les moindres pas, doutes, humiliations des simples troufions. Attention, l’argument dogme n’est pas seulement un artifice arty mais a, ici, un réel intérêt. En effet, rarement la pluie, la boue, la nuit n’ont paru aussi concrètes et on a vraiment l’impression d’être dans les tranchées. La photographie de Matthew Libatique, le chef opérateur de Requiem For A Dream a un grain particulier qui donne une couleur terne, délavée mais assez contrastée qui correspond à merveille au ton du film. Un ton mélancolique. Car Tigerland n’exalte ni la guerre, ni même le courage des soldats mais conteste l’inhumanité d’un entraînement, l’absurdité de celui-ci qui pousse l’homme à devenir un animal.
Un homme s’élève contre cet état de fait : Roland Bozz, de la graine de leader mais aussi un sacré emmerdeur pour l’autorité. D’abord trop sympathique et bordélique pour être crédible, le héros prend ensuite de l’épaisseur comme le film qui a une autre dimension avec l’arrivée dans Tigerland.
Tigerland, presque l’enfer sur terre dans lequel des hommes jouent à la guerre à balles réelles. Et toujours chevillée au corps des soldats, la peur du Vietnam. De la mort promise pour les moins chanceux d’entre eux. Le scénario est habile, les acteurs sont tous parfaits surtout le jeune Colin Farrell, la révélation du film avec son faux air de George Clooney et la réalisation en numérique est totalement adaptée au sujet.

Le film n’est cependant pas exempt de défauts. Son ton est un peu trop démonstratif, son manichéisme parfois primaire blanc/noirs, réfléchi/bourrin, instructeur sadique/instructeur compréhensif et les seconds rôles restent à l’état d’archétype le bourrin, le fébrile, le poète. Reste qu’avec Tigerland, Schumacher s’achète une virginité morale et signe surtout son meilleur film.
 
laurence

 
 
 
 

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