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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La traversée de Paris (Four Bags Full)
France / 1956
26.10.56
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CRIME ET CHATIMENT
"- Salauds de pauvres..."
A peine 10 ans que la guerre est finie, qu'Autant-Lara nous sert ce film noir, cynique et à contre-courant de la pensée ambiante. Bref anti-conformiste dans une décennie plus que bourgeoise et conventionnelle. La France sous son aspect le plus ombre : ici pas de résistants, pas de héros, pas grande cause. La Traversée de Paris c'est la découverte de ce que l'histoire veut nous cacher (la collaboration, le marché au noir, les profiteurs de guerre) et aussi une critique virulente et agressive sur les victimes (juifs, pauvres, idiots...). Un carnage verbal admirablement mis en scène, avec un scénario qui n'oublie pas le suspens. En fait le seul film à avoir aussi bien traité cette face cachée de la France occupée est Delicatessen (91). Encore une histoire de boucher-charcutier...
Autant-Lara, avec un montage rythmé et des dialogues mixant Prévert à Audiard, démontre en 80 minutes à quel point l'homme est bas, instinctivement pleutre et qu'il en faut peu pour en faire un salaud ou un héros. Cette méchanceté constante dans le film est aussi dûe à la verve vitriolique de Marcel Aymé (confère l'admirable portrait de la France libérée dans Uranus).
Sans concessions, Autant-Lara jette donc Bourvil dans les bras de Gabin. Les deux jouent leur registre habituel avec brio, sans qu'aucun ne fasse de l'ombre à l'autre. Un duo de choc entre deux monstres sacrés. Inutile de souligne le plaisir jubilatoire à les entendre débiter leur gouaille et à les voir envahissant l'écran.
Le summum de ce film reste la scène anthologique entre Bouvril, Gabin et De Funès, qui trouve ici l'un de ses meilleurs rôles. Une séquence en sous-sol, mais cadré à la perfection.
Cette oeuvre aurait pu n'être qu'un divertissement ou une critique acerbe et rancunière.
Mais la déportation, l'injustice sociale et la séquence finale (atroce d'un point de vue humain) en font un film désespéré et ignoble. A l'image des personnages de Bourvil et Gabin. Là où on aurait pu s'attendre à des retrouvailles, Autant-Lara pousse le cochonnet plus loin en humiliant le pauvre idiot. Et c'est toute la force du film, en une scène. vincy
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