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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Tristan
France / 2003
30.04.03
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ABRACADABRA !
"- Vous avez trouvé votre ennemi, Emmanuelle !"
Fausses pistes, jeu sur les apparences et points de vue, manipulations des personnages et du spectateur : Tristan est un polar psychologique atypique car il fonctionne sur l’ambiguïté, même son intrigue principale. Une histoire de crimes en série, non matérialisés car usant d’une arme psychologique, et donc parfaits. Trop parfaits, d’ailleurs ; la résolution de l’enquête policière l’est tout autant : il doit donc forcément y avoir un truc ! Tandis que le scénario confirme ce doute, en usant de situations volontairement improbables, de comportements ambivalents spontanés, et quelquefois d’humour, la mise en scène et le jeu d’acteurs, entretiennent des interprétations littéralement opposées, en se faisant miroir d’un contexte de tension permanente. Vous l’aurez compris : Tristan est film qui fonctionne, avant tout, sur la surprise, et non l’inquiétude, effet émanent traditionnellement de ce genre de chroniques.
Philippe Harel entraîne le spectateur dans une enquête aussi labyrinthique que fantaisiste. Il le promène volontairement d’évidences en aberrations : les vérités se contredisent, les pistes se brouillent, les personnages se retrouvent dans l’impasse et doutent ; quelquefois à tort, quelquefois à raison... On jongle entre manipulation et auto-conditionnement des protagonistes ; on joue sur l’instinctif et l’irrationnel pour embrasser la psychologie de chaque individu. Le suspense est ainsi bien orchestrée mais, au final, le spectateur, sciemment berné, est contraint à un replay de toute l’histoire. Problème : ce replay arrive si tardivement dans le film qu’il est impossible de véritablement explorer ses potentiels. A force de jouer sur les fantasmes de Madame la commissaire, de son inspecteur et sa profileuse, le pas dans la fantasmagorie est vite franchi. Ce que l’on prenait pour un polar psychologique se révèle n’être qu’une légère comédie policière.
Résultat des courses : la projection terminée, on a le sentiment d’avoir été mené en bateau durant plus d’une heure et demi ! Et oui, la surprise est là où on ne l’attend pas ; c’est déjà ça ! Maigre consolation, tout de même. sabrina
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