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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Grands comme le monde
France / 1999
10.03.99
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ILS SONT GRANDS CES PETITS
Ils disent l'enfance qui s'en va, la cité qui fait peur et qui fait envie, ils nous parlent du bien et du mal, de la religion et des résultats scolaires. Ils sont en 5e et vivent l'âge où naît le monde.
Tel est le postulat de ce documentaire réalisé dans un collège de la banlieue parisienne (à Gennevilliers), sur une classe d'élèves. Ils ont l'âge de ceux qui passent de l'enfance à l'adolescence. Et le document, plutôt que de nous parler des problèmes des cités, s'attarde plutôt sur ces gosses qui découvrent avec difficulté la transition vers l'âge adulte.
On suit donc ces élèves au cours d'une année scolaire (1996/1997). A la rentrée, l'un d'eux voudrait que les vacances soient tout simplement supprimées. Car il se "fait chier". Concernant le système de notation, beaucoup estime qu'il est juste : "si t'apprends, t'as de bonnes notes". Ils ont bien conscience que sans diplôme, ils n'ont pas d'avenir, même s'ils ressentent quelque difficulté à l'appréhender.
On apprend pourtant qu'il y a parfois des bagarres : "y'en a qui cherchent la merde". [...] "La personne frappe, je frappe". Parfois, des ados sont recrutés par des dealers pour faire le guet...
Même si leur âge ne leur permet pas toujours d'avoir une vision objective du monde dans lequel ils vivent, ils gardent tout de même un oeil lucide sur leur environnement proche. Ainsi, quand on leur demande leur point de vue sur leurs parents, les enfants réalisent à quel point le père et la mère représentent un exemple. De fait, ils avouent qu'"on pense comme eux quand on est enfant". Mais, avec l'adolescence, ils estiment pouvoir penser par eux-mêmes. En bref, le passage à l'âge adulte modifie la perception du monde.
Les parents se trouvent être absents du document. Certes, cela est volontaire. Mais on se demande à la rigueur si cela ne traduit pas également un problème rencontré par de nombreux enfants. Ainsi, quand on suit cet enfant qui se retrouve en conseil de discipline, il admet volontiers qu'il se moque d'être renvoyé du collège. "Ainsi va la vie", dit-il. Il est très conscient des bêtises qu'il a commises, mais il s'en fout. Du coup, le spectateur imagine aisément que ses parents ne doivent pas s'occuper comme il le faudrait de leur progéniture.
Ce qui surprend d'emblée dans ce document, c'est la façon dont a été réalisé le document. Gheerbrant a pu imposer sa caméra et sa présence, en réussissant à créer un véritable climat de confiance avec les enfants. Il est devenu l'oeil de la communauté, toujours à leur écoute. Il arrive donc à porter un regard objectif, il est un observateur neutre. Et du coup, ces enfants nous font pénétrer peu à peu dans leur mode de pensée au travers d'un dialogue continuel avec eux. C'est bien au travers de ces confrontations de point de vue, mises en évidence dans le discours de chacun, qu'apparaissent finalement les problèmes de tous ces adolescents des années 90.
chris
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