Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sex : The Annabel Chong Story


USA / 1999

15.12.99
 



LES DESSOUS D'ANNABEL CHONG





Il était une fois une petite fille très ambitieuse. Un minois de chaton, de grands yeux noirs en amande, un sourire un peu forcé et des poses lascives, la jeune femme accroche le regard et suscite la curiosité. Non seulement parce qu'elle est plutôt jolie, mais aussi parce qu'elle a battu le 19 janvier 1995 le record mondial du plus grand "gangbang" en couchant avec 251 hommes pendant 10 heures. Exploit ou extrême perversité ?
Sex…. Dans le titre, le ton est donné : ce do-cul-mentaire revient sur la vie et les expériences pornographiques de Grace Quek, alias Annabel Chong, jeune étudiante en sociologie de 27 ans originaire de Singapour.
Le réalisateur, Gough Lewis, découvrant Annabel lors du fameux show télévisé américain de Jerry Sringer, a voulu comprendre. Il l'a alors suivie et filmée pendant plusieurs années, rencontrant sa famille, ses amis, ses professeurs, ainsi que des professionnels de l'industrie du film pornographique. Le récit, ponctué par l'avancée du "record" (20 hommes, 50, 150, etc...), nous promène dans la vie quotidienne de Grace, mais aussi dans celle, pleine de paillettes et de flashs, d'Annabel, son double, sa jumelle. Annabel et Grace, la provocatrice et la femme-enfant: les deux personnalités paraissent liées, chacune assumant les actes de l'autres, tentant de les justifier, de les expliquer.
"Grace a toujours aimé se montrer", "Grace aime le sexe" : les intervenants apportent chacun une précision sur le caractère de la jeune femme, sans la juger. Malgré les gentillesses des amis, de la famille ("On la soutient !"), on ne perd jamais de vue le côté marchand de cette industrie pornographique. Juteux.
Car il ne faut pas oublier que le sujet principal du film reste le sexe. Et que le sexe vu par des producteurs libidineux, ça peut choquer et dégoûter. Surtout lorsque l'on entend John Bowen, celui qui a commis la réalisation du gangbang, annoncer tranquillement à une cinquantaine d'hommes nus en train de se masturber : "ce que nous allons faire aujourd'hui, c'est essayer de faire passer 300 hommes par là". "" désignant Annabel. La jeune femme a beau dire qu'elle aime le sexe ou que "faire l'amour avec 300 hommes, c'est super pour l'ego", elle ne paraît plus très assurée lorsqu'elle doit apprendre la réalité de son "métier" à ses parents ou lorsqu'elle se retrouve à l'hôpital pour passer un test HIV.
Le documentaire est cependant bien réalisé, avec une caméra virevoltante à l'image de Grace Quek. Il ne s'appesantit pas trop sur les scènes de sexe et laisse la jeune femme expliquer ses choix. Belle mais pas bête. Les néophytes en matière de films pornographiques risqueront d'être parfois un peu perdus. La chronologie des évènements est aussi difficile à mettre en place, surtout que Grace change sans arrêt de coiffure ! Si l'on est frappé par la personnalité de l'actrice, on ressort mal à l'aise de ce documentaire, se demandant jusqu'à quel point Grace Quek peut assumer Annabel Chong et ses délires sexuels... (Film interdit aux moins de 16 ans.)
 
muriel

 
 
 
 

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