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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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De Grote Vakantie (The Long Holiday - Vacances prolongées)
/ 2000
08.11.00
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CHRONIQUE D'UNE MORT ANNONCEE
Disons-le simplement, Vacances prolongées fait un curieux effet à celui qui le regarde. Ce très beau documentaire est une sorte d’expérience métaphysique comme pouvait l’être, dans un genre différent, le No sex last night de Sophie Calle. C’est une espèce de quête de la vie absolue face à la mort annoncée. Johan van der Keuken le dit d’ailleurs lui-même : "Quand je peux créer une image, je suis vivant. Le film tout entier est une quête pour découvrir le néant, dans l’espoir qu’il a une raison d’être". C’est un peu comme si, alors qu’il se sait condamné et que les moments de vie lui sont comptés, il voulait capter un peu de ce monde qui lui échappe. Les images sont ainsi une façon d’emmagasiner un maximum de vie avant qu’il ne soit trop tard. Devant cette lutte personnelle, le spectateur ressent un étrange malaise, mélange de voyeurisme et de fascination parce qu’on a le sentiment d’assister aux derniers moments du réalisateur.
Les voyages entrepris sont une tentative de balayement de la globalité et de la diversité de la planète. Van der Keuken et sa femme Nosh vont ainsi du Bouthan à New York en passant par le Burkina Faso, le Niger, le Népal et Rio de Janeiro. Grâce à son filmage brut qui sait parfaitement capter l’essence des peuples et des paysages, le réalisateur nous emmène avec lui et nous fait partager sa vision des gens et des lieux. On découvre ainsi les moines du Bouthan (voir le très long plan du moine qui médite... à moins qu’il ne dorme !), le Bani, fleuve séparant le Niger et le Mali, Lhamo Dolkar, la femme chaman tibétaine qui rentre en transe afin d’extirper la maladie, les rues de Rio de Janeiro et ses habitants ("tôt ou tard, ils seront tous morts, les êtres et les animaux qui ont donné leurs vies à mes images. Mais ils seront dans ce livre, et on pourra les lire et ils ressusciteront, sans moi."). Et puis on découvre, dans un moment de grâce infinie, un moment d’éternité, les enfants d’un village du Burkina Faso : en 105 prises de vue, ces nombreux enfants se présentent à la caméra, à nous, en donnant leurs prénoms. C’est alors des visages qui se succèdent, devant une caméra fixe, avec chacun, un air timide, rieur, espiègle... Toutes les attitudes enfantines défilent devant nos yeux en nous laissant une impression de fraîcheur inouïe.
Johan van der Keuken nous promène autour de ces peuples en égrenant son poétique monologue en voix-off : ce discours existentiel présente une distanciation d’avec les images et leur procure par la même une profondeur accrue. Parce que les images ont une importance capitale pour Johan van der Keuken. Elles sont parties intégrantes de sa vie puisqu’elles sont destinées à en être le prolongement : "Je fais ce que je peux pour diffuser mon oeuvre, pour qu’elle me survive". laurence
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