Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le sourire de Mona Lisa (Mona Lisa Smile)


USA / 2003

21.01.04
 



MA PROFESSEUR BIEN-AIMÉE





"- Tu changes pas de rimmel sans mon avis et tu vas t’inscrire en Droit ???"

C’est à ce genre de films que l’on doit une forme de désintérêt du public pour le cinéma, en salles tout du moins. À quoi cela sert-il d’aller voir un "produit" si prévisible et dont on devine tout dès les premières séquences. Depuis Le Cercle des Poètes Disparus, chef d’oeuvre du genre et film culte générationnel, nous avons eu un certain nombre de professeurs extraordinaires, rejetés par le système mais ayant eu l’immense privilège d’avoir eu de l’influence sur des jeunes élèves. Nous sommes loin de Tavernier ou Philibert. Calibrés pour des stars à Oscars (Streep, Dreyfuss, Pfeiffer, ...) , ces films suivent la même recette: le professeur est là pour insuffler un enseignement subversif à une classe harmonieusement coincée dans ses préjugés pour ne pas dire prisonnière de sa caste.
Ce film de Mike Newell (cela mérite d’être précisé tant la mise en scène est transparente) n’échappe à aucune des formules. La leçon a été bien apprise. De la musique à la voix off assez présomptueuse, nous craignons le pire. Et s’il n’arrive pas c’est parce que Le Sourire de Mona Lisa doit beaucoup au sourire de Julia. Grâce à Roberts, le film reste regardable, séduisant. Malgré la fadeur du scénario. Malgré la laideur des jeunes comédiennes (mais au moins ont-elles du tempérament). Aucune n’arrive au niveau du talent de Pretty Woman. Celle-ci parvient de mieux en mieux à exprimer tristesse et douleur, mélancolie et nuances. Dans ce portrait de femmes, loin du paradis des années 50 qu’on nous a tant vendu, il fallait bien une telle star pour nous faire accepter autant de clichés dans le script.
Le film a cependant le mérite de remettre les combats d’hier à l’aune des regards d’aujourd’hui. Tous nos acquis nous semblent tant innés. Pourtant la femme soumise décrite n’a pas 50 ans. La liberté de choix est une fois de plus au cÏur de ce type de cinéma. Face à la pré-classification des schémas, face aux étiquettes si facilement de mise, on reste pantois devant un tel paradoxe : comment réaliser un film à ce point conformiste pour traiter de liberté, d’autodétermination, de singularité.
Le film est à l’image de ces jeunes femmes: coincé par les principes (les recettes du genre) et coincé par la morale bien pensante (la rentabilité du producteur, l’image de la star), piégé entre le passé et un éventuel futur, le clouant dans son envol artistique à un sol trop familier pour nous emmener dans les abstractions picturales dépeintes tout au long du film.
Certes tout est bien expliqué. Il ne faut pas sortir de leur Université pour comprendre l’emprise des mâles, l’éducation néfaste des mères ou encore la peur de finir seule. Cela donne le plus beau des personnages: celui de l’excellente Marcia Gay Harden, qui délaisse l’art de Pollock pour l’art de vivre. Entre névroses et ambitions, les femmes ne laissent pas de place aux hommes dans cette affaire d’égalité. Les mecs ont même tendance à avoir trop facilement le mauvais rôle.
Tout cela paraît presque désuet et consensuel. Pas une once de rock 'n roll, pourtant né cette année là. Les révélations finales rendront définitivement opaques les objectifs poursuivis par le film. Mais peu importe, le film était là pour montrer que Julia domine toute la génération à venir d’une tête. Il lui fallait bien Marcia Gay Harden, d’ailleurs, pour lui permettre d’avoir une partenaire à sa hauteur. Le reste ne sera pas mémorable, contrairement au personnage qu’elle interprète.
 
vincy

 
 
 
 

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