|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Below (Abîmes)
USA / 2002
30.07.03
|
|
|
|
|
|
LE FOND DE LA VERITÉ
"- Regardez-moi !... ( claque )
- Vous l’avez sentie ? Alors c’est que vous n’êtes pas encore mort…"
Cela va finir par devenir une tradition, trois ans après la sympathique surprise qu’il nous avait réservée avec sa fort maîtrisée « bluette » futuriste Pitch Black, David Towhy revient délicieusement hanter les soldes d’été, vaste foutoir d’improbables séries B bradées hâtivement sous le manteau et de grosses machines aux emballages disproportionnés remplis de vide. Une fois de plus l’impression qui se dégage de cette série B raisonnablement modeste dans son ambition est des plus estimables. Below confirme en tout cas le peu de vocations de sous-mariniers que le cinéma s’applique à transmettre au public. A partir du moment où le spectateur se retrouve embarqué dans une de ces boîtes de sardines (prétendues hermétiques), ce dernier sait par avance qu’il sera témoin d’une quantité considérable de catastrophes et que la traversée ne sera pas de tout repos. Le lieu exigu et donc limité dans ses possibilités offertes ne semble en tout cas pas devoir décourager de nouveaux cinéastes à se boucler à double tour de vanne d’écoutille sous les eaux. Prévoyant, Towhy parvient à renouveler l’exercice puisqu’il embarque avec lui un script solide. Il ne nourrit pas pour autant des desseins aussi extravagants qu’un James Cameron avec son mystico-écologique Abyss ou d’un Barry Levinson avec son prétentieux désastre Sphère. Non, tout juste a-t-il une bonne vieille histoire à la Twilight Zone à mener tambour battant. La référence n’est pas hasardeuse tant les directions prises - restriction à un espace et à un groupe d’individus sur lesquels se greffe la thématique de la confusion réel / fantasmagorique - renvoient à la célèbre série. Ce fond s’inscrit par ailleurs essentiellement dans la ligne maîtresse de l’œuvre de Aronofsky (Pi, Requiem for a dream), ici scénariste, qui voue un faible certain pour les altérations perceptives de l’esprit humain.
Format cinéma oblige, David Twohy se doit de gonfler un postulat d’écriture plus proche de la nouvelle que du roman. Exercice peu évident qu’il mène à bien en préservant une tension psychologique qui tient à la direction d’acteur des plus crédibles et à un sens du timing dans les coups de théâtre assez respectable. L’atmosphère prévaut dans ce récit dont l’aspect surnaturel ne sera jamais explicitement détaché de l’état de frayeur et d’épuisement de ses protagonistes. Les limites des parois du bâtiment favorisent plus la claustrophobie que les exploits d’effets de caméra. Le cinéaste le sait et met cette contrainte à contribution pour construire le style de sa narration. Le cadre devient plus important que le mouvement. Chaque élément est éclairé au plus juste, laissant l’accessoire dans la pénombre. Le parti pris deviendra de plus en plus prépondérant au fur et à mesure que le drame réduit la lumière pour laisser le spectateur découvrir la vérité à tâtons. La démarche est efficace et a fait ses preuves.
Une belle façon de prouver au final que par une bonne rigueur narrative, on aboutit à un résultat bien plus probant que la simple dépense d’une plein mallette de dollars. Aux antipodes des grosses machines américaines actuelles donc… petsss
|
|
|