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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les acteurs
France / 2000
05.04.00
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DADDY NOSTALGIE
"- Je suis Maria Schneider et ça m'a fait du bien de faire cette scène."
Tout le film s'axe sur sa fin. A travers ses choix (que des acteurs de plus de 50 ans, aucune passerelle vers le nouveau cinéma et la jeune génération) et avec un ton si dramatique, Bertrand Blier ne fait que rendre hommage à celui qui lui manque : son père. Profession : acteur. Cet exhibitionnisme, ce nombrilisme exacerbé (au point de se filmer lui-même), d'ailleurs plutôt habile, montre un désespoir total qui nous désemparerait presque.
Aussi Les Acteurs est un film qui laisse perplexe, qui laissera de nombreux spectateurs hors du film. Il y a, reconnaissons-le, des faiblesses : le duo Serrault-Belmondo passe mal, certains temps morts rendent le film inégal, et le rythme s'en ressent...
Bertrand Blier n' a pourtant rien perdu de sa mise en scène talentueuse, de sa direction d'acteur magnifique, ni même de sons sens du cadre, lisse et précis. Il s'agit d'un film techniquement peu reprochable (la musique jazzy nostalgie en agacera certains) et parfois d'une belle leçon de cinéma; Blier prend son temps, filme longuement ses monstres sacrés, les met en valeur... Il réussit même des scènes gonflées (la vie de Maria Schneider et la séparation Brialy/Arditi; Piccoli en mari trompé ; Samy Frey en handicapé sur les Champs ; Delon en mémoire vivante, tel qu'il est ...). Il n'oublie pas son surréalisme visuel, verbal, ses non-sens qui forment un sens : des pots d'eau chaude dans Paris, un retour aux années 40 et à la délation, Balasko en doublure de Dussolier... Blier nous manipule en jouant avec ce que l'on sait des stars et ce qu'il sait des acteurs, comme ce Depardieu accidenté en moto.
Mais au delà de ces "sketches" et de ce script non-linéaire, de cette galerie de gueules connues, Blier signe un portrait acide, noir, cruel sur le métier futile de saltimbanque narcissique. En un mot, Les Acteurs est un film triste. Allant chercher l'émotion dans la vérité et la réalité (à se demander ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas), et à psychanalyser une profession en mal d'être aimée, désirée. Le déclin des grands acteurs ("40 ans qu'on voit notre gueule") s'accompagne de leur nécessaire mythification. Une sorte de mémorial...
Mais Blier pousse le bouchon plus loin; il leur tend un miroir, réfléchissant leur image et leur visage, un miroir sur leur vie, leurs peurs, leurs fantasmes, leur inconscience. Il décortique leur savoir et découpe leur motivation, pour mieux comprendre d'où vient ce talent, cette magie, cette fragilité permanente... On s'en rend compte notamment avec les scènes de Brialy : ce film est d'une violence morale inouïe! Les Acteurs sont écorchés à vif...
Rendons à Bertrand ce qui était à Bernard. Blier, avec un vrai style et une écriture singulière, poursuit sa recherche sur les rapports humains, délaissant un peu l'amour, "le grand mystère" du film. Son culot et son inspiration l'emêche de se répéter et d'ennuyer, contrairement à certains caciques du cinéma français. Si l'on est surpris que ce cinéaste d'habitude si moderne, soit ici si passéïste, si l'on est déçu de ne plus rire autant, de ne plus se régaler comme avant, Blier demeure ce qu'il a étoujours été : audacieux. Un film de Blier ne ressemble à rien de "déjà vu" : et, à notre époque, c'est déjà beaucoup. vincy
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