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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Los Amantes del Círculo Polar (Les amants du cercle polaire)
Espagne / 1998
07.04.99
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LA VIE ETERNELLE - ROMAN
"- La vie doit avoir ses cycles..."
Au delà de l'exercice de style, ce film espagnol de Julio Medem est une passion déclarée entre deux êtres, composée de hasards et de chances, de fatalités et d'instants de bonheur. Ce serait du déjà vu si le formel n'avait pas une si grande importance dans le plaisir qu'éprouve le spectateur.
Les Amants du Cercle Polaire est une histoire puzzle où deux personnages se croisent et se défont, continuellement. Où le temps n'a plus d'importance puisque l'amour est éternel, où la fin est au début, où le temps et l'espace se mélangent et prennent des raccourcis sémantiques.
Il y a 3 périodes, l'enfance, l'adolescence, la jeunesse. L'ensemble se déroulant à travers les yeux d'Otto et ceux d'Ana. L'alternance des points de vue, et leur étonnante fluidité, permet d'éviter tous les pièges de ce genre de films romantico-biographiques. Le paradoxe veuille que le film soit divisé entre Otto et Ana tant qu'ils seront ensemble. Et une fois la vision des personnages fusionnée, les deux êtres sont séparés, l'un en quête de l'autre. Chassé croisé bien plus réussi que dans Next Stop Wonderland par exemple. Le montage ici est réellement ambitieux.
Le scénario reprend donc des éléments éculés comme des enfants qui réunissent leurs parents, le dédoublement de l'histoire, les dialogues métaphoriques, ... Le film prend son envol avec une très bonne interprétation pour commencer. Mais il atteint ses sommets avec ses images et ce langage visuel intéressant.
Medem n'hésite pas à utiliser des à métaphores (le soleil de minuit, le coeur rouge), à faire dans l'allégorie (l'avion survolant la baigneuse nue, et disparaissant dans l'entre cuisse), à rendre le ressenti visible (le désir du garçon avec le gazon qui bruisse, les feuillages qui s'affolent, la pleine lune puis sa masturbation). Il essaie donc de donner un sens aux images, de raconter des souvenirs et de l'indicible avec des images. On pourrait même parler de manipulation pyschologique de l'image.
Il y a certainement une part de psychanalise qui énervera certains. Peut être y a t-il un "dramatisme" parfois trop appuyé. Mais Les Amants du Cercle Polaire est un film qui se ressent avant tout, dotée d'un esprit créatif trop rare pour être éviter.
Sur le thème d'un être vous manque et tout est dépeuplé, cette histoire d'A nous emmène dans des territoires insoupçonnés pour ceux qui se laisseront emportés. Touchant et attachant, le couple d'Otto et Ana. Tout commence par une belle image d'Otto dans les yeux embués d'Ana.
Et tout finit par la même image. Pourtant les deux n'ont rien à voir. C'est la magie du cinéma. Et ce twist final permet au spectateur d'être encore surpris.
Une question se pose: comment le personnage principal va-t-il survivre à ce choc? vincy
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