Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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X-Men 2 (X Men United - X2)


USA / 2003

30.04.03
 



LÀ Où IL Y A DES GÈNES Y A DU PLAISIR





" - Partager le monde n’a jamais été le propre de l’Homme. "

Revenons aux origines. Le premier épisode avait l’obligation de nous présenter les personnages, des superhéros à l’ADN génétiquement modifié. La réalisation de Bryan Singer avait permis d’étoffer ce film d’action avec des thèmes philosophiques et des problématiques morales, notamment sur le clonage et l’ambiguïté de l’individu face au progrès et à la force. X-Men se distingue de ses homologues issus des comics Marvel car il s’agit d’une victoire du groupe et non pas d’un triomphe égocentrique d’un homme doté de super pouvoirs. De même, il se rapproche plus de Batman par l’apport de son auteur à une production habituellement formatée que de Spiderman. Tous les sujets chers à Singer se retrouvent dans ce feuilleton a priori superficiel. C’est en cela où les fans d’action sont plutôt déçus avec cette ¦uvre chorale, chaotique et "cérébrale". Mais le véritable échec de la série est ailleurs : la direction artistique est pauvre, les aspects technologiques sont "ringards" (le mot est de Pyro), l’ensemble apparaît comme un mélange entre le monde contemporain, un futur proche et une vision de la science-fiction démodée. Cet anachronisme détruit beaucoup du potentiel esthétique d’une telle série.
Heureusement, il y a tout le reste. "The Rest of the Film" est si dense que nous préférerons n’en effleurer que les grandes lignes. Nous sommes grés aux scénaristes d’avoir donné une leçon sur l’évolution des espèces. Dans certains Etats des USA, on renie Darwin. Les récentes découvertes sur la fin du sensible Néanderthal et son métissage avec le Cro-Magnon (apparemment plus fort mais moins subtil) se retrouvent même insérées. X-Men nous place dans un temps où notre vie n’est qu’un rouage au sein d’une mécanique qui part de la cellule subaquatique pour arriver à nous (à l’instant X). Mais il a aussi le mérite de créer des " mutants " - sorte d’étrangers, d’ennemis même, l’Autre avec tout ce qu’il signifie de péjoratif dans le discours médiatique - qui nous ressemblent, chacun avec leur faille psychologique, leurs faiblesses ou leurs dilemmes humains. Cela fait deux films : l’un où sont exposés les pouvoirs de chacun (tous, à l’exception peut être d’Anna Paquin, ont leur morceau de bravoure) et l’autre où nous sommes confrontés aux sentiments humains, à la morale créée par notre Histoire et nos civilisations.
Dans cet univers soi-disant transparent, composé de labyrinthes et de tunnels, de vortex et de couloirs,, Singer distille l’action à travers des enjeux (comme dans un polar) plutôt que de nous bluffer avec des combats numériquement retravaillés. Dans son monde, la transparence des murs de verres ou de glaces révèlent les mensonges ou obstruent la vérité.
Diablo dans la Maison Blanche et le duel de Wolverine avec DeathStrike réjouiront les fans d’action. Mais Singer préfère apparemment le sous-texte politique et sociologique. Le scénario pourra même apparaître confus : il fait juste confiance au spectateur et à l’image. Les mutants, dans le contexte actuel, pourraient être les immigrés, les musulmans (tous associés à l’image du terrorisme par amalgame, comme le sont les X-Men), les exclus ou les élus. L’entrée insaisissable de Diablo dans le bureau du Président déclenche la même réaction que la menace imprévisible de Ben Laden : "La guerre est déjà déclarée". Une guerre par avance stupide puisque les balles ne parviennent pas à tuer les "créatures". Ces similitudes sont accentuées avec la bataille des arguments entre un faucon (Stryker) et une colombe (le Sénateur désormais convaincu), qui rappelle étrangement le duo Rumsfeld / Powell. La solution finale (un génocide organisé) ne sera pas pour cette fois là. Mais tout le discours flirtant avec l’holocauste démontre là encore que Singer amarre son point de vue à la série. Ici la foi ne déplace aucune montagne (elle télétransporte, nuance) mais l’illusion est au c¦ur de tout le film. Là encore, on nous prévient : "Ne croyez pas vox yeux". La dimension intérieure prévaut sur les apparences et les pouvoirs. Ainsi Iceberg doit faire face à un adversaire bien plus important que Magneto : sa famille. Le "coming out" mérite le détour. Être mutant c’est comme être gay. On revient à la marginalité, à l’envie d’être intégré au groupe. L’aspect Frankenstein cède la place à l’importance de l’éducation.
Toutes les nuances du pire salaud au mec trop bon sont illustrées. Paquin, Berry, Madsen offrent une pâle prestation due à un rôle moins dense. Cela profite évidemment à d’autres, et notamment à Famke Janssen , parfaite dans ce personnage au regard de braise et véritable héroïne de l’épisode. Hugh Jackman continue d’être un grain de sable dans cet univers un peu trop lisse et poli, trop obéissant et bien élevé. Il est plus facile de s’identifier à un tel héros, un peu crade, pas très sage, buveur et enragé, qu’à des jeunes playboys dotés de super trucs pour épater les filles.
La série B est dotée de beaux pouvoirs de séduction. Ce divertissement classique profite clairement de la vision de son auteur sur l’intolérance et la capacité de destruction de l’homme. Le message final prône la paix et l’amour entre les peuples. C’est presque trop beau...
 
vincy

 
 
 
 

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