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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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X-Men 2 (X Men United - X2)
USA / 2003
30.04.03
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LÀ Où IL Y A DES GÈNES Y A DU PLAISIR
" - Partager le monde na jamais été le propre de lHomme. "
Revenons aux origines. Le premier épisode avait lobligation de nous présenter les personnages, des superhéros à lADN génétiquement modifié. La réalisation de Bryan Singer avait permis détoffer ce film daction avec des thèmes philosophiques et des problématiques morales, notamment sur le clonage et lambiguïté de lindividu face au progrès et à la force. X-Men se distingue de ses homologues issus des comics Marvel car il sagit dune victoire du groupe et non pas dun triomphe égocentrique dun homme doté de super pouvoirs. De même, il se rapproche plus de Batman par lapport de son auteur à une production habituellement formatée que de Spiderman. Tous les sujets chers à Singer se retrouvent dans ce feuilleton a priori superficiel. Cest en cela où les fans daction sont plutôt déçus avec cette ¦uvre chorale, chaotique et "cérébrale". Mais le véritable échec de la série est ailleurs : la direction artistique est pauvre, les aspects technologiques sont "ringards" (le mot est de Pyro), lensemble apparaît comme un mélange entre le monde contemporain, un futur proche et une vision de la science-fiction démodée. Cet anachronisme détruit beaucoup du potentiel esthétique dune telle série.
Heureusement, il y a tout le reste. "The Rest of the Film" est si dense que nous préférerons nen effleurer que les grandes lignes. Nous sommes grés aux scénaristes davoir donné une leçon sur lévolution des espèces. Dans certains Etats des USA, on renie Darwin. Les récentes découvertes sur la fin du sensible Néanderthal et son métissage avec le Cro-Magnon (apparemment plus fort mais moins subtil) se retrouvent même insérées. X-Men nous place dans un temps où notre vie nest quun rouage au sein dune mécanique qui part de la cellule subaquatique pour arriver à nous (à linstant X). Mais il a aussi le mérite de créer des " mutants " - sorte détrangers, dennemis même, lAutre avec tout ce quil signifie de péjoratif dans le discours médiatique - qui nous ressemblent, chacun avec leur faille psychologique, leurs faiblesses ou leurs dilemmes humains. Cela fait deux films : lun où sont exposés les pouvoirs de chacun (tous, à lexception peut être dAnna Paquin, ont leur morceau de bravoure) et lautre où nous sommes confrontés aux sentiments humains, à la morale créée par notre Histoire et nos civilisations.
Dans cet univers soi-disant transparent, composé de labyrinthes et de tunnels, de vortex et de couloirs,, Singer distille laction à travers des enjeux (comme dans un polar) plutôt que de nous bluffer avec des combats numériquement retravaillés. Dans son monde, la transparence des murs de verres ou de glaces révèlent les mensonges ou obstruent la vérité.
Diablo dans la Maison Blanche et le duel de Wolverine avec DeathStrike réjouiront les fans daction. Mais Singer préfère apparemment le sous-texte politique et sociologique. Le scénario pourra même apparaître confus : il fait juste confiance au spectateur et à limage. Les mutants, dans le contexte actuel, pourraient être les immigrés, les musulmans (tous associés à limage du terrorisme par amalgame, comme le sont les X-Men), les exclus ou les élus. Lentrée insaisissable de Diablo dans le bureau du Président déclenche la même réaction que la menace imprévisible de Ben Laden : "La guerre est déjà déclarée". Une guerre par avance stupide puisque les balles ne parviennent pas à tuer les "créatures". Ces similitudes sont accentuées avec la bataille des arguments entre un faucon (Stryker) et une colombe (le Sénateur désormais convaincu), qui rappelle étrangement le duo Rumsfeld / Powell. La solution finale (un génocide organisé) ne sera pas pour cette fois là. Mais tout le discours flirtant avec lholocauste démontre là encore que Singer amarre son point de vue à la série.
Ici la foi ne déplace aucune montagne (elle télétransporte, nuance) mais lillusion est au c¦ur de tout le film. Là encore, on nous prévient : "Ne croyez pas vox yeux". La dimension intérieure prévaut sur les apparences et les pouvoirs. Ainsi Iceberg doit faire face à un adversaire bien plus important que Magneto : sa famille. Le "coming out" mérite le détour. Être mutant cest comme être gay. On revient à la marginalité, à lenvie dêtre intégré au groupe. Laspect Frankenstein cède la place à limportance de léducation.
Toutes les nuances du pire salaud au mec trop bon sont illustrées. Paquin, Berry, Madsen offrent une pâle prestation due à un rôle moins dense. Cela profite évidemment à dautres, et notamment à Famke Janssen , parfaite dans ce personnage au regard de braise et véritable héroïne de lépisode. Hugh Jackman continue dêtre un grain de sable dans cet univers un peu trop lisse et poli, trop obéissant et bien élevé. Il est plus facile de sidentifier à un tel héros, un peu crade, pas très sage, buveur et enragé, quà des jeunes playboys dotés de super trucs pour épater les filles.
La série B est dotée de beaux pouvoirs de séduction. Ce divertissement classique profite clairement de la vision de son auteur sur lintolérance et la capacité de destruction de lhomme. Le message final prône la paix et lamour entre les peuples. Cest presque trop beau...
vincy
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