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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Alfie (Irrésistible Alfie)
USA / 2004
29.12.04
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BRITISH GIGOLO
"- Un ptit pshitttt sur Big Ben."
Imaginez, Mesdames (et certains messieurs). Un jeune homme, élégant, séduisant, maniant la distanciation (voix off auto-critique et complice) et la dérision (humour conquérant), vous fait la cour. Le cadre est magnifique, romantique (New York). Vous succombez facilement à cet Adonis, forcément. Fantasque et ambitieux, indépendant et infantile, qui ne craquerait pas? Logiquement, on se retrouve au lit avec. On ferme la lumière. L'ennui nous gagne. Et quand on la rallume, nous voilà déçu. Le coup n'était pas si bon.
Pourtant Alfie avait de quoi nous charmer. Son acteur, tout d'abord. Jude Law sauve le film de ce désastre aventureux. Il sait doser à la perfection les nuances de son personnage, entre drame et comédie. Il a le chic naturel. Tombeur idéal pour le rôle, il est l'étranger adéquat. Englishman in New York, il roule en Vespa (Italie), s'habille en Martin Margiela (Belgique) et fait de la pub pour les capotes Trojan (New Jersey). Cherchez l'erreur. Il vante l'European Way of Life (wine and women, du vin et des femmes). Bref il a cette légère arrogance, persuadé qu'il aura l'impact suffisant sur le public.
Certes. Cela tient trois quart d'heure, entre vignettes, anecdotes, sketches. Mais finalement quelle histoire nous raconte-t-on? Quel message nous envoie-t-on? Et est-ce que ça tient sur la longueur? Le héros a une impuissance passagère. Nous, nous plaignons d'une éjaculation précoce. Il n'y a pas de scénario, si bien que nous décrochons à la moitié du film. A regarder le plafond, notamment à cause d'une faiblesse d'écriture (sa vie avec Nikki est dénuée d'intérêt et prend une bonne demi heure). Le film est si inégal que nous passons d'un magazine féminin ou masculin, disons métrosexuel, avec ses conseils en beauté et fashion
, ses trucs et astuces en drague à un grand vide : philosophique, intellectuel, existentialiste. Car Alfie a un grand défaut, d'époque : il ne pense pas grand chose, inculte et superficiel.
Le plus intéressant résidera alors dans le portrait de ses cinq femmes. Cinq facettes de la féminité, avec les séquences grandioses d'une Sarandon, qui vampe et vampirise le film à chacune de ses apparitions. Et qui renvoie Alfie dans ses préjugés sur la date d'expiration des femmes (a priori plus rapide pour elles que pour les mâles). Des femmes qui s'assument, qui assurent et qui bousculent le rôle du coq dans la basse cour. Car Alfie ne devient finalement qu'un gigolo ou au mieux, une assurance contre la solitude. C'est là que le film titille notre curiosité, et, hélas, échoue à la satisfaire. Alfie en deviendrait presque pathétique et cynique, alors qu'il est un mâle comme les autres, sympathique mais paumé dans ce féminisme dominateur. La "non fin" appuie cette vacuité individuelle. Le remplissage musical souligne l'insignifiance des propos. Il faut tout le temps du comédien pour persévérer à s'intéresser au jeune homme, évidemment amoral, et donc punit. Cette sanction, de trop, nous détruit toute espérance : l'impertinence n'était qu'un exercice de style. Les scénaristes n'ont pas voulu glorifier ce comportement décalé, marginal.
Garçon stupide ou One Man Law, le film est à l'image de son personnage qui vit dans ses illusions. Ces clichés peu caustiques nous renvoient une image kitsch de la romance "clef en main". Ca flirte du côté de Billy Wilder (7 ans de réflexions, La Garçonnière) sans jamais atteindre le talent des références. Les slogans (desire, wish, search) sont grossièrement montrés sur des panneaux publicitaires, et les accroches s'insèrent dans les dialogues ("Mes Prada sont foutues, mais je m'en fous"). Le placement produit n'est plus simplement une visite de la boutique Chanel, mais s'inscrit directement dans la pensée des individus (comme s'il s'agissait d'êtres vivants, d'idées politiques).
Ces libertins sont finalement bien matérialistes, bien sages et si peu incorrects. Compil de récieux conseils pour survivre en tant que célibataire, Alfie a du mal à décoller, à prendre son pied et finalement est peu culotté. "Tu ne sais pas ce que tu feras quand tu aimeras vraiment quelqu'un." Nous non plus nous ne le saurons jamais. Car Alfie le séducteur a refusé de nous emballer alors que nous étions prêts à lui sauter dessus. Lui qui demande continuellement : "Vous me suivez?". Nous lui répondons : "Pas du tout." vincy
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