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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le plus beau jour de ma vie
France / 2005
05.01.05
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FOLIE LOLA
"- Tu dors bien?
- Comme un bébé. Je me réveille toutes les heures et je pleure."
En quelques mois, des femmes cinéastes ont conquis le territoire de la comédie dans le cinéma français. Finit les atermoiements psycho/sexuels de Catherine Breillat, les déprimes mélancoliques de Nicole Garcia ou les tons nuancés de Jaoui, Marshall ou Serreau. Avec Mariages!, Les Soeurs Fâchées et désormais Le plus beau jour de ma vie, les femmes s'aventurent dans le registre du comique, entre vaudeville et burlesque, répliques qui tuent et jeu outrancier. A la différence des comédies "masculines", celles-ci se basent essentiellement sur des personnages féminins plus crédibles, moins potiches et plus centraux. La belle Hélène (de Fougerolles) brille avec ce rôle pétillant, alerte, excessif et charmeur. Quant aux hommes, entre goujats et machos, pères lâches et maris infidèles, ils n'ont plus le beau rôle. Le choix des "hommes idéaux" est cependant plus en phase avec les goûts féminins conteporains. Ici, Jonathan Zaccaï joue évidemment le prototype parfait du mec sensible, belle gueule, attentionné, imaginatif... Vive la différence!
Partant du principe énoncé par Groucho Marx, référence ultime concernant le couple - "Aucune femme au monde n'est capable de résister à une proposition de mariage, provint-elle du pire crétin" - ce premier film de Julie Lipinski repose sur ce couple chieur et hilarant. Jamais à sa place, il trouve son lien le plus fort dans leur opposition viscérale et respective à leurs géniteurs, passablement insupportables d'égoïsme. Les mères sont immondes, les pères complètement largués. Il faut voir Duchaussoy passer naturellement de la chasse au canard à la promotion du CV de son fils. Les mecs assez cons, les filles totalement névrosées. En haut du podium, Elise Larnicol, ex Robin des Bois, prête à sauter sur tout ce qui bouge, au nom du célibat. Avec ça comment avoir foi en l'humanité?
Dans ce déballage d'arguments sur le mariage c'est avant tout la vision du couple qui y est détaillée, pour le meilleur et pour le pire. Cette chorale d'acteurs parvient à coexister harmonieusement dans un chaos total. Ce n'est pas la moindre des qualités. Une fois la troupe bien installée, les dégâts peuvent commencer. Un joyeux bordel qui s'achève en mariage catastrophe, avec apartés et fantasmes en 3D (sans Mickey) pour appuyer sur l'aspect dérisoire et la dramatisation anecdotique d'un tel événement. De quoi vous écoeurer? Ces petites mesquineries, ces grosses hypocrisies conduisent à la confirmation existentielle : le grand amour, le vrai, est rare.
Aussi la futilité n'est pas de trop dans ce monde de contradictions. Le film décolle vraiment lorsque, justement, il ne se pose plus de questions. Il y a une jubilation à voir ce gentil jeu de massacre prendre forme sous nos yeux ébahis. La spirale est lancée : chacun des couples va s'autodétruire. D'autant que les dialogues font mouche. De la candeur rose bonbon ("- Tu vas pas claquer 4000 euros dans une robe de mariée?! - Bah Lola, on se marie qu'une fois dans la vie!") à la furie rouge sang ("- T'as intérêt à changer de date, sinon tu vas me le payer, salope!"). La salope en l'occurrence c'est notre copine Charlotte, fille adorable dans la réalité.
La fin sera fatalement trash, amère, bref une belle gueule de bois post-enterrement de vie de garçon et de fille. En allant jusqu'au bout de son délire, la farce de Julie Lipinski ne déçoit pas et, même, nous réjouit. Ce qu'on croyait être une "Girl Fantaisie" devient un stress paranoïaque, à la fois régressif (légos et playmobils) et transgressifs (travestis, strip tease façon chippendale, ...). Pas besoin d'ecstasy ou de champagne, la décadence se glisse naturellement dans le final. Avec un Laurent Bateau en figure de proue lunaire, émerveillé par tant d'immoralité, se vautrant dans la boue de ses tabous. L'amour et le mensonges seront attachés par les liens insondables du mariage. Disons Oui, pour une fois, puisque nous sommes maso. Ce couple est là pour prendre des coups à notre place, et de fait, ils sont bien amochés. Mais heureux. Comme le spectateur. vincy
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