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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Alien (director's cut)
USA / 1976
12.11.03
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LABEL ALIEN
"- Plus vite on répare, plus vite on sera rentrés. Cet endroit me porte sur les nerfs..."
Il ne saurait être question ici de nous étendre sur les réels apports de la dite « version inédite » à l’original. Le nouveau mixage étant sa meilleure attribution, Ridley Scott s’étant contenté pour le reste de rétrécir en amorce et en fin certaines séquences pour en moderniser le rythme et ajouter des images que n’importe quel amateur aura eu loisir de voir et revoir sur Collector laser-disc ou en DVD. L’inquiétude était de reconsidérer un film qui a marqué plusieurs générations de par son efficacité économe à l’heure du tout pixel et du fourvoiement clipesque et technoïde dont nous repaît aujourd’hui Hollywood et ceux qui cherchent à y prendre modèle (suivez mon regard). Nul doute que beaucoup, à commencer, paradoxalement, par son réalisateur lui-même, auraient à y apprendre. D’abord parce que le cinéma, et plus encore dans le domaine du fantastique, est plus un art de l’évocation que du tout montré, ensuite parce qu’une lenteur calculée s’appelle elle aussi un rythme. Les longs mouvements de caméra dans les sombres couloirs du Nostromo, où s’enchainent les fondus enchaînés sur le réveil des protagonistes, s’avèrent dès lors bien plus efficaces et parlants qu’une exposition où le héros principal détruirait la moitié de New-York. Et il ne faut pas plus de vingt minutes à Ridley Scott pour nous plonger avec lui dans la sourde inquiétude d’un danger prêt à surgir à tout moment et, lorsqu’il surgit justement, en multiplier par cent l’effet qui sinon serait noyé par ses successions. En morcelant ou dissimulant l’apparition de sa créature, Scott nous replonge dans les turpitudes littéraires d’un H.P Lovecraft où « soudain, le héros vît l’indescriptible » ou aux plus belles heures du cinéma fantastique des années 30 et 40, de Jacques Tourneur et sa « Féline » à Shoedsack et Cooper et leur combien poétique King-Kong de pâte à modeler.
Nombre de critiques et autres échotiers, si Alien fleurissait pour la première fois aujourd’hui nos écrans, y liraient sans nul doute la métaphore à bras tendue d’un sida ou autre virus éliminant les cellules d’un corps, ajoutant que le bien nommé « Nostromo » signifie littéralement en latin « notre homme ». Il faudra attendre néanmoins David Fincher et son Alien 3 pour que cette lecture se concrétise, Fincher insistant intelligemment sur le fait que ce soit une femme qui colporte le virus sus-nommé dans une communauté entièrement masculine… Et si le virus était l’homme lui-même ? Et si notre Alien en question était nul autre qu’un antibiotique, un anti-virus, qui aurait la lourde charge de débarrasser l’espace et ses galaxies (un autre corps métaphysique, peut-être…) de ces anomalies destructrices que nous sommes, nous et toutes autres formes de vies subversives (le Nostromo est après tout une raffinerie !) ? Dès lors, Alien se révélerait soudain plus proche d’un autre film réalisé en 1966 par Richard Fleisher intitulé Le voyage fantastique . Un sous-marin et son équipage de médecin y étaient miniaturisés pour être introduits dans un corps humain et y détruire une tumeur cervicale. Ils avaient mal à partie avec nombre de défenses immunitaires, à commencer par les globules blancs, cherchant très logiquement à se débarrasser de ce corps étranger.
Nous analysons et définissons le mal qu’en rapport à ce qui l’oppose a notre propre bien. Cette vision innée et humainement égoïste nous voile, qui sait, le discours inconscient et subreptice d’ Alien. Si l’homme est un danger pour l’homme, alors autant qu’un autre s’en charge… arnaud
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