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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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After the sunset (Coup d’éclat)
USA / 2004
09.02.05
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TEA, MEX & FUN
« Je devrais me faire tabasser plus souvent et à des endroits plus intéressants… »
Comme le dit si intelligemment Stan, le personnage de Woody Harrelson, le monde est divisé en deux parties. Ceux qui sont amateurs de soleils couchants et ceux qui ne le sont pas. Statistiquement pour apprécier le spectacle que nous offre Brett Ratner, le réalisateur de Coup d’éclat, il va falloir se situer radicalement dans la première catégorie tant l’entreprise s’associe plus à un spot de pub d’agence de voyage qu’à une véritable œuvre de cinéma portée sur l’audace. Car il ne faut pas s’y tromper, la production a beau jouer l’entourloupe en alignant un vrai casting de premier choix sur l’affiche, l’offre demeure bien maigrelette pour pouvoir prétendre valoir la location du fauteuil en salle, à défaut d’un transat sur la plage. Le hold-up ne réside pas tant dans le genre usé au sein duquel se répertorie le film (comment réussir un casse avec classe) que dans le calcul laborieux d’un studio pour décrocher le magot en absence totale d’inspiration. On s’économise en se voulant rentable et en séduisant à tout prix. La drague passera donc par le cadre paradisiaque, une station balnéaire de luxe qui représente le nirvana occidental auquel aspire tout actif stressé et moyennement salarié. Un véritable dépliant de tour operator, avec bronzette, coktails avec ou sans alcool, pêche au requin en option et animations folkloriques pour occuper un peu les indigènes perdus dans le fond du décor. L’intrigue minimaliste n’est que prétexte pour filmer deux acteurs soigneusement recrutés pour charmer le public. Pierce pour les filles et Salma pour les garçons. Les deux exploitent paresseusement leur magnétisme naturel, ils ne sont assurément pas là pour décrocher un Oscar, mais bel et bien pour passer du bon temps tout en assurant leurs vieux jours. C’est de bonne guerre, sauf que le couple à force de superficialité représentative (ah… les pauses suggestives de la beauté latine exhibant à la moindre occasion son décolleté vertigineux pour tirer le guide du routard vers le calendrier du routier…) ne parvient jamais à rendre crédible leur relation. La tendance est généralisée, Harrelson fait le guignol sans grande finesse et Don Cheadle, qui n’est pas du genre à mégotter habituellement succombe à la facilité en assurant un service minimum assimilable à de la transparence qui contraste honteusement avec ses dernières prestations (Hôtel Rwanda,The Assassination of Richard Nixon). Pas la peine d’en faire plus vous diraient-ils alors que le scénario prévisible accumule les facilités et que Dante Spinotti esthétise le paysage pour dissimuler les fautes de goût.
Chacun aura alors beau jeu de se planquer derrière la dérision distanciée, un peu comme une caution complice envers un divertissement qui aurait déjà livré tous ses secrets. Sauf que pour se permettre l’équilibrisme du second degré, encore faut il posséder un tiers du talent d’un Steven Soderbergh inhumant définitivement en désespoir de cause les traditions hollywoodiennes avec un brio effronté (Ocean’s 12). En lieu et place Brett Ratner le laborieux simpliste prie pour que ce qui se complait dans l’abattage de blagues beaufs et de situations consternantes puisse passer à la rigueur pour du culot. Le cinéphile hardi, lui, pourrait aisément détourner neuf euros de son budget divertissement pour l’investir par exemple dans un séjour ruineux pour retrouver des couleurs. Encore que le monde est divisé en deux parties comme le dit si bien l’autre…
PETSSSsss-
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