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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La petite chartreuse
France / 2004
23.02.05
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SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES
" Je vois que tu as gardé mon idée du verbe être "
Contes de la vie moderne. Jean-Pierre Denis nous revient avec de nouvelles blessures pour, cette fois-ci, et nous offrir une variation poétique sur le don de soi, la solitude, la difficulté d'être et d'aimer. Fresque résolument sensorielle, La petite chartreuse nous conte la nature humaine - le fait d'être - ses couleurs, éclats et résonances. Une histoire d'itinéraires croisés, finement tissée, aux grés d'une alchimie parfaite entre réel et onirisme. Douceur et rigueur de propos s'entrelacent généreusement nous faire partager cette histoire âprement ancrée mais profusément lumineuse. Regards, gestes, lumières, illustration sonore, décors : ci et là, en toute délicatesse, la mise en scène de Jean-Pierre Denis révèle les êtres, cristallise subtilement chacune de leurs forces et faiblesses pour composer un gracieux jeu d'affects en échos. Sa toile excelle dans le registre du sensible, de l'émotion pure, sans complaisance, ni naïveté, jugement ou autre débordement subjectif qui pourrait nous conduire au mélo. Ici même repose toute la force du film. Le propos est fertile, juste et envoûtant parce que dénué de tout artifice. Au final, nos seuls regrets seront ceux d'un dénouement trop en filigrane, trop détaché des promesses jusqu'alors tenues. Un certain manque de précisions sur le passé d'Etienne, sur l'origine de ses maux, nous interpellera pareillement. Fort propice à éveiller notre attention, ce déploiement de non-dits, bien que participant à l'onirisme général, manque un temps de devenir infructueux. Qu'on se rassure : rien ici ne viendra durablement gâcher notre plaisir. L'implication magistrale d'Olivier Gourmet permettra de dépasser ces précédentes retenues du scénario. Le comédien nous emporte spirituellement et viscéralement. Rien de moins ! Dans son sillage, résonnent les jeux de Marie-José Croze et de la petite Bertille Noël-Bruneau. Dès les premières séquences, le trio promet d'être saisissant. Personnages de l'entre-deux, réfugiés dans le silence, brisés et ainsi même voués à la métamorphose, Gourmet et Croze se donnent entièrement à ce jeu de traverses psychologiques. Très vite, au mutisme des personnages se substitue leur sincérité, d'abord avec eux-même puis avec les autres. L'éclosion est latente. A ce temps inspiration succèderont bien de nouveaux souffles. Ce qui fait de La petite chartreuse un film intense et résolument vif. Une aventure humaine telle qu'on aimerait en voir bien plus souvent. sabrina
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