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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hitch (Hitch, expert en séduction)
USA / 2005
16.03.05
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LES BLONDES PREFERENT LES GROS
"- Je veux que tu penses à un iceberg, parce que 90% de ta surface est immergée.
- Je sais, je suis enveloppé."
Dans le registre de la comédie urbaine, amoureuse, sexy, voici Hitch. Quelques temps après la version quadra macho (Ce que veulent les femmes) et senior misogyne (Tout peut arriver), voici le segment trentenaires idéalistes. Le pitch tient en trois lignes. Ca peut s'avérer kitsch. Et pourtant on kifferait presque... Serait-on d'incorrigibles romantiques?
Et même si c'était le cas, comment peut-on encore se laisser avoir avec ce genre de films, dans une ville que l'on connaît par coeur (New York) et une fin pour le moins attendue? Car ici, point de cynisme, aucune perversité et encore moins de subversif. Tout est encadré par une morale : l'honnêteté. Ceci dit, on en manque dans ce bas monde. Mais de là à en faire la vertu primordiale pour que l'alchimie amoureuse puisse naître, c'est un peu simpliste, docteur.
Alors? Alors, Hitch est avant tout un produit bien écrit, bien joué, bien rythmé. Quitte à laisser sur le bas côté un scénario inégal et maladroit, ingrat pour certains personnages, ne sachant pas où donner de la tête entre les seconds rôles, les deux histoires d'amour et sa star. Malgré cela, le film atteint son objectif : divertir. Car l'on y rit, pour peu qu'on soit sensible au charme branché et "cool" de Will Smith, version sitcom (c'est à dire sa jeunesse), ou aux numéros éhontés de Kevin James (qui danse comme personne). Entre répliques, comiques de situations et gags plus ou moins bien vus, les rebondissements ne manquent pas. Cela n'a évidemment rien à voir avec la réalité...
Pourtant la fatalité de l'hétéro pas très beau un peu gros face au fantasme de la jolie blonde (mince et aimant le sport) est un thème vieux comme le monde. C'est là, le vrai regret. Le cliché n'est pas maltraité, il est souligné. En fait le personnage du comptable (hilarant James, donc) est là pour conforter les spectateurs mâles de leur médiocrité : malbouffe, slips ringards, hobbys d'ados, égoïsme... sans parler de leurs désirs sexuels : il ne craque pas sur son équivalent mais sur une top model scandinave (les blondes sont encore un atout marketing, semble-t-il). Par contre la dame, elle, a le devoir de ne pas se soucier, et m'aime d'apprécier un mec qui ne ferait pas les couvertures de magazine, au nom de la beauté intérieure.
Heureusement, les femmes se retrouveront dans l'autre couple. Exhibant obus et postérieur, Eva Mendès, qui joue mal en général, et notamment dans ses premières scènes, résiste à Will Smith et impose ses règles, tout en se prenant les pieds dedans (la contradiction féminine est une source inépuisable de quiproquos pour un script). Le personnage de Mendès démontre que les speed datings, docteur ès coup de foudres et autres intermédiaires ne servent à rien s'il n'y a pas l'écoute. En clair, l'homme doit savoir comprendre la femme s'il la veut dans son lit. L'amour étant possible pour n'importe qui, avec une plus ou moins grande égalité de chance, on peut se déchaîner sur les trucs et astuces d'un manuel du parfait dragueur (le stress du tripatouillage de clefs est sans doute le plus utile). Tout ce que cela démontre, de la maladresse des uns à l'apparente froideur des autres, est que l'être humain est capable de beaucoup d'inventivité pour se construire des boucliers d'auto-défense, cette distance nécessaire pour repousser l'intrus. Il est donc d'autant plus difficile de s'ouvrir et de faire confiance. Car aucun des quatre personnages n'est à l'abri de l'échec, et tous ont de sérieux complexes à surmonter. Les flash back sur la jeunesse de Hitch sont du coup bienvenus et drôles, humanisant un Will Smith un peu trop sûr de lui, et fashion victime à outrance (dans ce film on boit de la chic San Pellegrino).
Comme 60% du langage est corporel, le film se base essentiellement sur les grimaces, gesticulations et autres peaux de banane pour nous euphoriser. Dans ce monde de mensonges, la vérité n'est pas forcément bonne à dire. Le burlesque et la succession de petites catastrophes, en revanche, permet de désamorcer les crises... Ainsi, ne vous fiez pas à la petite musique qui annonce le chant des rossignols : cela se finit souvent en hurlements hystériques...
Et puisque les images valent tant de discours, faisons les louanges de ce film aux multiples valeurs partagées : l'amitié, le métissage, le travail...
Le final un peu cul cul la praline, dents blanches bien refaites et la surdose de métaphores nous empêchent de croire à un amour ad vitam. Hitch ne nous réconciliera pas avec l'utopie du Prince Charmant. Du coup, le film échoue à nous convaincre complètement et à nous séduire définitivement. Mais il échoue avec brio, à l'instar de son héros dans la conquête de sa belle. Léger et bien ficelé, malgré ses grosses ficelles, parce qu'aucune de ses vedettes n'a peu du ridicule, Hitch nous emballe le coup d'un soir. Ce n'est déjà pas si mal. vincy
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