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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Buena vida (Delivery)
Argentine / 2004
02.03.05
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VIENS CHEZ MOI J’HABITE CHEZ UN COPAIN
" - Je ris toute seule… pour ne pas pleurer"
Ah ! La belle hospitalité et générosité sud-américaine. Lorsqu’un sale gosse de 24 ans accepte sans sourciller d’héberger la famille de sa nouvelle bien-aimée, on se dirait presque que le terme "jeune" n’est plus autant synonyme de "con". Alors quand ce même gamin se décide à partager le modeste contenu de son frigo et sa minuscule salle de bains, le titre du "futur gendre le plus cool du continent américain" n’est plus très loin. Soit. Ce serait pourtant oublier que l’action a pour décors une Argentine ruinée par la crise économique et que les charmants invités s’activent à ressusciter l’entreprise familiale de fabrication de churros… en plein milieu du salon. Comédie acerbe et plutôt réaliste, Buena Vida aborde assez courageusement les conséquences de la tragique crise économique sur la vie des argentins d’en bas. Réduits aux rôles de simples survivants, ces "oubliés" du capitalisme sauvage tuent le temps en improvisant des élevages de limaces ou en se relayant à tour de rôle devant l’ambassade d’Italie pour l’hypothétique obtention d’un visa étranger. Le tout entrecoupé de longues après-midi d’ennui et de passivité sur un banc public ou à l’écoute d’un match de football à la radio. Et une petite tasse de Maté (un thé fort en vitamines et 100% bio devenu "boisson nationale des Argentins") comme seul stimulant. La tentative, certes abusive mais courageuse du vieux Venancio de redonner vie à sa fabrique autrefois prospère (et retrouver par la même occasion un peu de cette Argentine d’antan) ne débouche que sur un lamentable et cruel échec. Reste alors à Leonardo di Cesare de réinventer une société argentine délurée remplie de gourous convertissant une foule de travailleurs clandestins et de jeunes paumés aux bienfaits du capitalisme. Puis de vendeurs ambulants de churros contraints de s’affronter presque physiquement pour écouler leur marchandise au milieu de badauds peu enclins à débourser le moindre peso. Mais si l’humour malin de di Cesare a pour fonction première de grossir un peu plus encore des personnages largement exagérés, il installe surtout Buena vida dans une veine tragique dont le spectateur ne sortira pas forcement indemne.
Et comment espérer qu’au milieu d’un tel déferlement d’hypocrisie, de coups bas et d’épreuves que l’amour, l’amitié et l’entraide puissent encore avoir la moindre chance de survivre. Car s’il est facile grâce à l’humour de classer les hommes entre bons et méchants, le malheur et le destin semblent avoir prit un malin plaisir à n’épargner personne au milieu de cette Argentine aujourd’hui délaissée. jean-françois
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