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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Warner Independant Pictures
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Before Sunset
USA / 2004
16.03.05
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MÊME JOUR, MÊME HEURE, MÊME POMME
" - Il n’y a pas de chapitre "6 mois plus tard la salope me plante ! "
Qu’est ce que 9 ans dans la vie d’un jeune américain enthousiaste et rêveur et d’une ado française engagée et intello, tous deux promis à un bel et heureux avenir ? Au mieux, il ne s’agit là que d’une succession de chiffres aussi imposant qu’inutile du genre : 78840 heures, 4,7 millions de minutes et autant de secondes mortes ramassées à la pelle. Rien de bien dramatique au final si les deux jeunes tourtereaux d’un soir ne s’étaient lancés au terme d’une romantique escapade dans le vieux Vienne, une vibrante promesse honteusement empruntée à notre ''Patriiiiiiick'' national : ''et si on se donnait rendez-vous dans… 6 mois''. Mais aucune ''Place des Grands Hommes'' ou de Karlsplatz à l’horizon. Alors quand 3285 jours plus tard, les chemins de Jesse et Céline s’entrecroisent miraculeusement à Paris, la rencontre s’annonce sans doute moins romantique et plus explosive. Et pourtant. Si Céline et Jesse ont depuis longtemps tracé leur route et emprunté des chemins parfois trop éloignés de leur ''idéal de vie'' passé, ils n’en restent pas moins les deux adolescents passionnés et éclairés qui avaient largement égayés la splendide nuit autrichienne. Leur volonté farouche de refaire le monde devant une tasse de café, clope au bec et philosopher sur le pourquoi du comment restent intactes. A nouveau tout y passe : l’amour, le sexe, la religion, les hommes, les femmes… Comme dans le premier volet, les diatribes enflammées se mêlent aux discours humanistes parfois entrecoupés de bavardages et de thèses à la fois naïves et poétiques. Juste pour le plaisir de parler et d’écouter.
A mesure pourtant que défilent les ruelles historiques de ce Paris intemporel, les visages se font plus graves et les paroles plus sombres encore. Les deux adolescents d’hier ont depuis fort longtemps échangé leur rengaine d’étudiants libres pour l’uniforme étriqué d’adultes apeurés et cyniques. Les désillusions et les regrets comme seuls et piètres accessoires. Le ton farceur et libertaire de la première heure n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. La réalité reprend ses droits sans crier gare. Les deux amants d’une nuit réalisent alors que la distance ne les a pas seulement séparé physiquement et géographiquement. Le livre-souvenir de Jesse, le nostalgique et l’amoureux, éclate au visage de Céline comme la preuve vivante et cruelle de la chance qu’elle n’a pas pu ou su saisir. Le choc et la rupture paraissent alors inévitables. Mais c’est oublier une fois encore le mystérieux manège de l’amour. En ami attentif et patient, le réalisateur Richard Linklater se borne à suivre ses héros comme un témoin privilégié mais respectueux. A la mise en scène un peu gauche et hésitante de Before Sunrise en 1995 se substitue celle plus impressionnante et mesurée de Before Sunset(sans parler de la photo de Lee Daniel). Outre d’avoir relevé un pari aussi inconscient que périlleux (l’action se déroule dans une seule journée en décor naturels… et en plein Paris l’été), Richard Linklater offre au touchant et gracieux Ethan Hawke (en plus d’être beau comme un dieu) un rôle à la mesure du Vincent Freeman de Gattaca en 1997 et inscrit définitivement la bluffante Julie Delpy dans le camp des grandes actrices françaises expatriées voire ignorées. Le naturel et la complicité équivoque entre les deux acteurs ne laissant aucun doute quant à l’immensité de leur talent. Film malin, drôle et émouvant, Before Sunset se clôt sur une ultime séquence énigmatique quant au devenir de Jesse et Céline, laissant augurer d’un hypothétique Before Midnight. Ou peut-être s’agit-il d’affirmer une fois pour toute que la boucle est aujourd’hui définitivement bouclée. Avec panache ! jean-françois
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