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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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JUST A MESS
"- Je ne veux pas d'une voiture TP.
- Une quoi?
- Typiquement Paki."
Si la France semble frappée d'antisémtisme ou de racisme, le cinéma anglais n'en finit plus de pointer du doigt le problème de son immigration indo-pakistanaise. Comique (Fish and Chips), romantique (Just a kiss) ou dramatique (ici même), le ressors est toujours le même : une différence générationnelle (le conflit entre traditionnels et modernes) et une confrontation communautaire (entre les immigrés de deuxième génération et les anglais "de souche"). En cela, Yasmin n'a rien d'original.
Chez les Corses il y a Arabi Fora, en Ecosse il y a Pakis dehors. Mais là-bas les scénarii sont mieux écrits. Rien de nombriliste ou de misérabiliste. Tout est dénoncé mais à travers une histoire qui reste observatrice, sans démagogie. Les contradictions sont pointées. D'où naissent le malaise, le mal être, les malentendus. Mais Yasmin va au delà de cette simple critique des ghettos. Le sujet n'est pas là. C'est à la fois sa force et sa faiblesse.
Ce film parle avant tout des relations d'une musulman modérée, fortement intégrée (disons occidentalisée) dans une région ultra catho, après les attentats du World Trade Center. Mais si les réactions xénophobes sont parfaitement bien transposées, et constituent un vrai regard sur notre parano, l'évolution psychologique de Yasmin est moins facile à comprendre, pour ne pas dire confuse.
Le scénario ne parvient pas à délimiter précisément la frontière entre obscurantisme (le mari) et croyance (le père), fanatisme (le frère) et l'espérance (Yasmin). Tout cela est trop simpliste pour nous embarquer totalement dans cette initiation. Sans parler de l'aspect "déjà vu", la logique comportementale de la protagoniste nous échappe en partie.
Bien sûr, nous sommes aussi révoltée qu'elle face à l'absurdité des lois anti-terroristes (liberticides) ou du racisme primaire de ses congénères ("Si Allah avait notre bière, il aurait aimé l'alcool!"). Mais la fin ressemble plus à une impasse qu'à une sortie de tunnel. Dans cette société en perte de repère, qui se résume à un affrontement Bush vs. Ben Laden, nous ne comprenons pas bien où le scénariste a voulu en venir avec cette fin en demi teinte. Une réaction épidermique? Une volonté d'affirmer ses racines?
Il faut tout l'attachement à Yasmin (et son actrice, excellente) pour ne pas lui en vouloir d'avoir choisi la voie la plus facile. Malheureuse partout (chez les racistes comme chez les rétrogrades), elle ne trouve finalement pas sa place. "Je passe d'employée du mois à ennemie publique numéro un."
En dix ans, de reniements en victimisations, le cinéma anglais est passé des luttes sociales anti-thatchérienne aux violences raciales islamophobes. Typiquement britannique, ce film, qui parfois manie l'humour et nous fait respirer, trouve une profondeur dans le personnage du père et celui de la fille, les deux seuls à ne pas être caricaturaux. Les deux seuls à garder une certaine dignité dans ce bordel humain. vincy
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