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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Pieces of April
USA / 2003
20.04.05
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FAMILLE JE VOUS AIME
"- Pas étonnant que j’aie un cancer, c’est elle le cancer"
En ce matin de Thanksgiving, le père d’April, Jim, cherche sa femme dans toute la maison. « Joy ? Où es-tu ? Où est Joy ? » Joy n’a pas disparu, elle attend immobile dans la voiture. La joie en revanche semble avoir quitté cette maison. Quand est-ce arrivé ? Depuis le départ d’April ? Depuis sa naissance ? Depuis le cancer de Joy ? Peter Hedge ne nous donnera jamais la réponse. Pas de flash-back ici pour insister sur la cicatrice qui a entaillé la famille Burns. Ce n’est pas nécessaire, le passé rappelle sa présence au gré des dialogues, des non-dits, des grimaces et des rires. Il surgit ici au détour d’une conversation en voiture, il déborde là, sous un pont, à l’occasion d’une crise d’hystérie, il coule doucement en larmes amères. La tristesse de la fille et la méchanceté de la mère ne laissent aucun doute : April et Joy se sont toujours haïes, d’une haine aussi ostensible que leur amour est caché.
Katie Holmes et Patricia Clarkson campent admirablement ces deux personnages. La première (la fameuse Joey de la série Dawson Creek) interprète avec justesse une post-ado au look rebel : teinture douteuse, yeux charbonneux, cerises tatouées sous l’oreille et vernis noir écaillé aux ongles. Sous ce vernis, les larmes et les éclats de rire trahissent une jeune fille blessée, fragile, facétieuse. Patricia Clarkon ( Six feet under) est parfaite dans le rôle de la mère à la beauté fanée, à la bonté asséchée, qui vomit sa maladie tout au long de la route sans pour autant perdre son humour. Casting également réussi pour Olivier Platt : ses kilos en trop, ses traits épais et affaissés sont ceux que devait avoir Jim Burns, père aimant mais dépassé par la situation. De la même façon, la tête à claques et la voix exaspérante d’Alisson Pill font d’elle la plus insupportable des soeurs. Reste le frère d’April, Timmy-le-transparent, l’ado sympa aux cheveux dans les yeux, caché la plupart du temps derrière son appareil photo, comme Peter Hedges l’est derrière sa caméra. Le parallèle entre ce personnage et le réalisateur n’est pas fortuit, la mère de Peter Hedges ayant elle aussi été atteinte d’un cancer. Ce film a la couleur passée des vieilles photos, la couleur des souvenirs.
Si Pieces of April ne tombe pas dans le mélo, c’est probablement grâce aux autres protagonistes, les voisins d’April. Les séquences en leur compagnie sont bel et bien la respiration du film, escapades bienvenues dans un scénario qui sans cela aurait été par trop linéaire. Certains ne sont là que pour nous faire rire d’effroi (Wayne le détraqué fort bien interprété par Sean Hayes), d’autres font office d’
« accélérateurs émotionnels » (le voisin prêt à tout pour revoir une dernière fois sa sorcière de mère). Mais ce sont surtout le couple d’ “afro-american” et la famille d’ “asian-american” qui paradoxalement, vont rendre possible le Thanksgiving de ces « white american » que sont les Burns. Peter Hedges, qui dit avoir cherché “une histoire qui ferait s’entrechoquer de manière crédible des gens de race et d’âges différents” explique ainsi à sa manière – tout comme April – l’esprit de Thanksgiving : solidarité, entraide, compassion, pardon. asha
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