Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Papa


France / 2005

01.06.2005
 



AIR DE REPOS





« Les Chamonix orange, c'est pas bon, c'est mieux les gaufrettes Verkade. »

Maurice Barthélémy s'était déjà essayé à la réalisation avec un premier film « Casablanca Driver », l'histoire du plus mauvais boxeur de tous les temps. Il reprend la caméra pour cette fois nous raconter le temps de quelques jours, l'errance automobile d'un père (Alain Chabat, appelé tout au long du film « Papa ») et d'un fils (Louis, une dizaine d'années) à travers la France (on subodore d'ailleurs qu'il s'agit du Sud de notre beau pays). Le break Volvo roule sans qu'aucune destination, ni même une quelconque provenance du tandem ne soient évoquées, les bornes défilent au point même où le spectateur auto- stoppeur tend à rester sur le bas côté, aussi perdu que les personnages et alors que le réalisateur s'entête à suivre un itinéraire sans grandes surprises mais dont il semble vouloir conserver le secret. Film de paroles et de dialogues plus ou moins drôles, oscillants entre private jokes régressives ou grandes démonstrations sentimentales à l'assurance profonde, Barthélémy omet de confier un véritable projet pour donner corps à cette relation paternelle peu évidente mais finalement tellement moderne. Alors évidemment, on a droit à de bien belles images, des plans larges de paysages qui donnent une respiration au film : mais justement on respire trop dans ce long métrage. Le scénario, bien trop mince, empruntant le canevas du road movie qu'avait déjà utilisé récemment Manuel Poirier sans grand succès pour son Chemins de traverse. A mesure que le film avance on se dit qu'un court métrage aurait suffit alors que là on en prend pour 1 h 20 tant il est évident que tout n'est que prétexte pour rassembler quelques bonnes idées éparses : citations musicales ou bons mots saisis au vol. Encore que Papa n'en est pas pour autant bavard. La conduite ne prête pas à la fantaisie, Vincent Gallo nous l'avait déjà démontré dans son interminable Brown Bunny. Long trajet, longues distances, on ressent les origines d'écriture de Maurice Barthélémy : le sketch, petite histoire de quelques minutes et dont la pratique ne suffit pas à écrire un vrai scénario. On passe complètement à côté de la psychologie des personnages parce qu'ils n'ont aucune profondeur, aucune épaisseur sur la durée, dans leur vécu...
Si dans le film le silence se fait c'est de toute évidence qu'il n'y a rien à dire, non pas parce que le scénario l'exige mais bien par manque de consistance de la narration. L'échange entre Chabat et Yael Abecassis à la terrasse d'un café est prémonitoire : « Je ne sais pas quoi dire. » « Et bien alors, ne dites rien. » Et dans ce film, on s'y emploie : on parle la plupart du temps pour ne rien dire. Quelques scènes sont sympathiques, comme celle par exemple du début où père et fils chantent à tue tête une vieille chanson du groupe Trust mais très vite on tombe dans un autre travers du film : Chabat fait du Chabat et Barthélémy du Robin des bois. Il suffirait pour s'en convaincre d'isoler cette séquence entre père et fils concernant les gâteaux : il s'agit de savoir si telle gaufrette est meilleure que tel petit beurre. Cocasse certes, dans l'"esprit canal", mais beaucoup trop long.
Mise en scène maladroite, scénario mis au régime et venu de l'écriture télévisuelle (dont franchement il y en a un peu assez.) personnages banals et sans reliefs : il vaut mieux louer un dvd des Nuls ou des Robins, au moins là on ne sera pas déçus.
 
Olivier

 
 
 
 

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