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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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(c) Gaumont Columbia Tristar
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Papa
France / 2005
01.06.2005
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AIR DE REPOS
« Les Chamonix orange, c'est pas bon, c'est mieux les gaufrettes
Verkade. »
Maurice Barthélémy s'était déjà essayé à la réalisation avec un premier film «
Casablanca Driver », l'histoire du plus mauvais boxeur de tous les temps. Il
reprend la caméra pour cette fois nous raconter le temps de quelques jours,
l'errance automobile d'un père (Alain Chabat, appelé tout au long du film «
Papa ») et d'un fils (Louis, une dizaine d'années) à travers la France (on
subodore d'ailleurs qu'il s'agit du Sud de notre beau pays). Le break Volvo
roule sans qu'aucune destination, ni même une quelconque provenance du
tandem ne soient évoquées, les bornes défilent au point même où le spectateur
auto- stoppeur tend à rester sur le bas côté, aussi perdu que les personnages
et alors que le réalisateur s'entête à suivre un itinéraire sans grandes
surprises mais dont il semble vouloir conserver le secret. Film de paroles
et de dialogues plus ou moins drôles, oscillants entre private jokes
régressives ou grandes démonstrations sentimentales à l'assurance profonde,
Barthélémy omet de confier un véritable projet pour donner corps à cette
relation paternelle peu évidente mais finalement tellement moderne.
Alors évidemment, on a droit à de bien belles images, des plans larges de
paysages qui donnent une respiration au film : mais justement on respire
trop dans ce long métrage. Le scénario, bien trop mince, empruntant le canevas du road movie
qu'avait déjà utilisé récemment Manuel Poirier sans grand succès pour son
Chemins de traverse. A mesure que le film avance on
se dit qu'un court métrage aurait suffit alors que là on en prend pour 1 h 20
tant il est évident que tout n'est que prétexte pour rassembler quelques bonnes
idées éparses : citations musicales ou bons mots saisis au vol. Encore que
Papa n'en est pas pour autant bavard. La conduite ne prête pas à la
fantaisie, Vincent Gallo nous l'avait déjà démontré dans son interminable
Brown Bunny.
Long trajet, longues distances, on ressent les origines d'écriture
de Maurice Barthélémy : le sketch, petite histoire de quelques minutes et dont
la pratique ne suffit pas à écrire un vrai scénario. On passe complètement à
côté de la psychologie des personnages parce qu'ils n'ont aucune profondeur,
aucune épaisseur sur la durée, dans leur vécu...
Si dans le film le silence se fait c'est de toute évidence qu'il n'y a rien à
dire, non pas parce que le scénario l'exige mais bien par manque de
consistance de la narration. L'échange entre Chabat et
Yael Abecassis à la terrasse d'un café est prémonitoire : « Je ne sais pas
quoi dire. » « Et bien alors, ne dites rien. » Et dans ce film, on s'y
emploie : on parle la plupart du temps pour ne rien dire. Quelques scènes
sont sympathiques, comme celle par exemple du début où père et fils chantent
à tue tête une vieille chanson du groupe Trust mais très vite on tombe dans un
autre travers du film : Chabat fait du Chabat et Barthélémy du Robin des bois.
Il suffirait pour s'en convaincre d'isoler cette séquence entre père et fils
concernant les gâteaux : il s'agit de savoir si telle gaufrette est meilleure
que tel petit beurre. Cocasse certes, dans l'"esprit canal", mais beaucoup trop
long.
Mise en scène maladroite, scénario mis au régime et venu de l'écriture
télévisuelle (dont franchement il y en a un peu assez.) personnages banals
et sans reliefs : il vaut mieux louer un dvd des Nuls ou des Robins, au
moins là on ne sera pas déçus. Olivier
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