Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sahara


USA / 2005

01.06.05
 



PIEGES EN EAUX TROUBLES





"- Il a fait un Panama!"

Hollywood n'ayant plus d'imagination depuis belle lurette, les studios exploitent le même filon année après année, quitte à lasser un public qui, pas dupe, fait de moins en moins confiance au marketing. Après La Momie et son Retour, série B ou BD en série, qui flirtait avec Indiana Jones, nous avions eu droit à Benjamin Gates et le Trésor des Templiers (rien que ça), sorte de Da Vinci code en carton pâte, avec répliques hilarantes d'inanité. Le ridicule ne tuant pas, tout cela se régénère sous une forme ou sur une autre, en produit de grande consommation. Point commun à tous ces films communs et pas mortels, l'absence de mise en scène. Si ce n'est de point de vue. Les personnages y sont animés de motifs nobles (ou pas), destins égoïstes qui se cachent derrière un factice intérêt général. Au final, l'Etat récolte les fruits (toujours), intervient en dernière minute (comme la Cavalerie), mais n'aura rien vu venir. S'il n'y avait pas le courage héroïque d'un seul homme (de préférence autodidacte, marginal, érudit et célibataire), le monde serait foutu d'avance.
Dans Sahara, ce n'est rien de moins que la pollution virale et globale des océans qui est en jeu. Le film ne fait pas exception côté effets de mise en scène. Le personnage principal est un lointain cousin de Ford, Cage et Fraser. McConaughey ne faillit pas à la règle du beau mâle. Pas de chance pour le petit frère, qui n'aura pas hérité des mêmes gènes physiques comme intellectuels... Il fallait bien un comique de service et Steve Zahn est parfait dans ce rôle. Les caricatures ne finissent pas là : Penelope Cruz nous la joue médecin humanitaire (plagiat du personnage de Bellucci dans Tears of the Sun), et nous fait regretter un peu plus sa période espagnole. Lambert Wilson est abonné au méchant français bien habillé. William H. Macy a du accepter pour le faible effort physique de son emploi et la boîte de cigares qu'il fume tout au long du film.
Bref ne prenons pas ce divertissement trop au sérieux. Scénario confus en bonus. On passe d'une chasse au sous marin en plein désert (rien que l'idée fait rire) à une contamination aquatique, écologique et mondiale (avec une centrale solaire futuriste au coeur du processus). Rien n'est vraiment crédible. Surtout pas réaliste. Pourtant, il y a des petits détails qui relèvent un peu le niveau. A bien y voir, Sahara est davantage destiné au public international qu'à un mangeur de pop corn américain. Déjà parce que les organisations internationales n'y sont pas humiliées et le football remplace le baseball. Ensuite, les Mosquées y sont de paisibles lieux et regorgent de livres (et donc de savoir), avec d'aimables imams. Ici on y est aisément polyglotte : on parle français, arabe, anglais indifféremment. Enfin, Sahara montre une Afrique rare au cinéma. Celle du Nigéria et du Mali, entre Sahel et fleuve Niger. Une Afrique de l'Ouest, et musulmane, qui a moins tenté Hollywood que celle de l'Est. C'est là que réside l'intérêt du film. Dans un voyage, sinon inédit, disons rare, une escapade dans des paysages majestueux et séduisants. Une visite de l'Afrique plus actuelle que fictive, avec Internet d'un côté et sans folklore musical de l'autre. Bref la superproduction - par ailleurs politiquement improbable - évite les clichés habituels de ce genre d'odyssée africaine.
Dommage, du coup, que l'on ne parvienne pas à croire à l'histoire d'amour entre Matthew et Penelope. Aucune alchimie. Ils arrivent à se retrouver au milieu du désert, par hasard. C'en serait drôle si ça n'était pas invraisemblable. Cela reste suffisamment "fun" et relativement prenant pour en oublier ce genre d'absurdités. Le film nous divertit. Dans le sens où il nous fait penser à autre chose. Il n'y a que dans les cascades que le spectateur se sent complètement intégré au délire (grâce à un mélange de dérision et d'action). Sinon, sourions devant tant d'épreuves. La quête initiale est presque oubliée quand on découvre le sous marin tant recherché. Prétexte qui finalement ne nous intéresse plus. Si l'épilogue évidemment explosif est un peu décevant, voire kitsch concernant la romance, l'épopée s'est avérée légère dans son propos et lourde dans ses effets. Sahara s'ensable parfois. Mais le spectateur, lui, peut manger ses Nachos en toute tranquillité. Dans le rayon vidéo, mieux vaut ce Allan Quatermain éthique et écolo que Benjamin Gates, impérialiste et pas rigolo.
 
vincy

 
 
 
 

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