Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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A Dirty Shame


USA / 2004

08.06.05
 



L’INVASION DES FORNICATEURS





« Tu nous connais comme tes voisins, mais là nous sommes un sandwich humain… »

En terme de provocation, s’il n’avait du en rester qu’un dans le cinéma américain, c’eut été sans nulle doute John Waters, tant la réputation de l’épouvantail précède désormais le cinéaste, extirpé de la confidentialité de la culture underground par la renommée culte de ses multiples exploits trash. Le Pape du mauvais goût, comme il se plait à se faire appeler, s’affiche désormais comme label de « qualité » sur la communication de ses propres films, un peu comme le Capitaine Igloo sur les poissons panés. Une caution qui sera remise en jeu tandis que l’impénitent John Waters se fait une joie d’éprouver la rigidité du conservatisme bushien et l’étroitesse de ses préceptes moraux en sortant l’artillerie lourde. Le sujet de sa nouvelle farce sera donc comme par hasard la libido et ses déviances.
On l’a vu lors des dernières élections présidentielles, les Etats-Unis sont apparus divisés distinctement en deux camps libéraux progressistes et nationalistes rétrogrades. Il ne faudra donc pas s’étonner de voir Baltimore, la ville fétiche de Waters, en pleine guerre civile opposant les coincés endurcis et les débauchés profonds. Le réalisateur nous présente dans un premier temps une famille très middle class, les Stickles. De toute évidence Monsieur et Madame ne grimpent pas souvent aux rideaux et même leur fille au tempérament aussi expansif que ses attributs mammaires est invitée à rester dans sa chambre plutôt que de fréquenter les clubs de strip tease. Bref, ça ne rigole pas au sein du foyer et tout le monde est de mauvaise humeur. La situation évolue radicalement le jour ou Madame Stickles se prend accidentellement un bout coup sur la tête, réveillant la bête qui est en elle et libérant surtout la frénésie de John Waters qui quitte alors la chronique humoristique pour se lancer en plein désordre sur la voie publique dans un recensement encyclopédique des obsessions lubriques humaines. Tout y passera, du flic régressif en poupon au scato compulsif, mais l’énumération fastidieuse des perversions, la plupart archi connues, ne masquera pas longtemps l’absence flagrante d’un script propre à maintenir la vigueur de l’intérêt. Bien évidemment Waters a toujours cherché dans son cinéma à fuir toute rigueur académique, mais loin de l’art du grotesque qui repose un équilibre subtile, il semble devoir ces derniers temps tendre vers la farce potache qui manque cruellement de finesse. Ainsi Cecile B. Demented, sa précédente réalisation marquait déjà le pas alors qu’il s’attaquait à l’establishment hollywoodien. Le brûlot était cependant animé d’une certaine énergie qui permettait encore de faire abstraction des nombreuses faiblesses. Le propos s’embourbe ici hélas dans des conventions surannées qui se matérialisent par des répliques grassouillettes en pagaille et par des gags éculés (un David Hasselhoff constipé très sollicité après Sponge Bob the Movie, dans le rôle de la guest star auto ridiculisée). Un prétexte pour faire l’andouille, telle est l’unique motivation qui semble avoir fait tourner l’iconoclaste cette fois-ci. Le plan ultime laisserait même sous-entendre que tout cela se résumerait à une gigantesque branlette d’auteur. Le public lui souhaitera d’avoir pris son pied, mais le plaisir n’est pas communicatif. En absence de sens, les sens ne seront guère plus sollicités par un nu frontal masculin gratuit ou par une fausse poitrine (le film tout en étant globalement chaste alors qu’on y copule en permanence, sera du coup inutilement victime du couperet de la censure). Pas malin et bien peu audacieux. Le gimmick du choc crânien déclenchant l’appétit pour le sexe assimilerait à la rigueur la gaudriole à un dysfonctionnement cérébral. De quoi alimenter les sermons de tout prêcheur borné, destinés à dénaturer les plaisirs de la chair.
Largement distancé par un Russ Meyer plus inventif en son temps, le nouvel opus non maîtrisé de John Waters risque de manquer totalement le coche en France, pays où une artiste peut encore dévoiler par inadvertance un sein à la télé, sans provoquer pour autant un scandale médiatique et des poursuites judiciaires. Ce n’est peut être pas le cas aux USA, mais néanmoins il nous en faudra plus pour piquer un fard dans nos contrées.
 
PETSSSsss-

 
 
 
 

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