Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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DreamWorks  



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Madagascar


USA / 2005

22.06.05
 



LES ZOZOS DU ZOO





"- Suppose qu'il y ait une vie après le steak, Alex?"

Imaginez qu'on vous propose un voyage dans une île au nom toujours exotique et que vous vous retrouviez dans un territoire si familier que vous regrettez presque d'avoir quitté vos gratte-ciel... C'est un peu l'effet du non dépaysement de ce nouveau dessin animé DreamWorks. Hormis Shrek, il semblerait que le studio d'animation peine à trouver la bonne formule qui leur permettrait de rivaliser avec le génie scénaristique de Pixar.
Si Madagascar n'a pas les mêmes défauts que Gang de Requins - ici le rythme pose moins de problèmes - sa faiblesse réside essentiellement dans des personnages un peu simples (voire caricaturaux) et des scènes sans originalité. A priori ce script aurait donné matière à un film de 30 minutes. Le manque de rebondissements et l'absence de situations intéressantes - comiques ou dramatiques - rend l'ensemble léger pour ne pas dire facile.
Trop prévisible, le cartoon est sauvé par quelques répliques, des seconds rôles décalés (les pingouins méchants nous rappelle le serial manchot de Wallace et Gromit), et un premier tiers new yorkais convaincant - artistiquement notamment. La banalité du reste nous oblige à être un peu dubitatif sur le divertissement proposé. Ici, l'ironie ne marche plus. La moquerie sur les produits dérivés tombent à l'eau. La parabole sur l'industrie du spectacle est déjà vue. Aucune des bonnes idées n'apporte un renouvellement rafraîchissant ou critique à un second degré espéré mais jamais visible. Même cette initiative de taquiner cette obsession urbaine d'un retour aux sources (ou à la nature) tombe à plat en rendant Madagascar vierge d'humains et d'espèces animales variés (on compte une araignée, des lémuriens et des sortes de hyènes). La civilisation n'est pas étrillée, et la loi de la jungle n'amène aucun délire réel. Il manque là encore des ressorts, des dilemmes, de l'absurde (sauf dans l'évasion du zoo de New York). On transforme juste cette île sauvage en étape idéale pour un Club Med. Madagascar est transformé en décor virtuel et idéalisé, comme si la véritable île n'était qu'un fantasme d'Américain flashant sur le nom évocateur...
Tout comme Gang de requins, les équipes de DreamWorks ne sont pas parvenues à créer des personnages mémorables. Le quatuor souffre d'incohérences psychologiques ou de névroses trop fades pour nous faire vibrer. Leurs aliénations, pourtant perceptibles, ne sont jamais qu'évoquées en surface, sans jamais interagir ou interférer avec les autres. Même le changement de comportement d'Alex n'est pas assez approfondit pour nous faire peur ou nous le rendre menaçant. De plus, le zèbre devrait avoir fait, depuis longtemps, une leçon de morale à son pote le lion au sujet de cette sale habitude qu'il a à manger de la barbaque. Et que dire des poissons, dénués d'âmes puisque mangeables? Ces quatre personnages occupent chacun une case dans l'écran, mais tout le problème est là : il ne leur manque pas de case dans la tête. Par contre il y a quelques trous dans les liens amicaux... Il est anormal qu'on s'amuse davantage avec les apartés de nos vils pingouins trouvant le Pôle Sud "naze" qu'avec un naufrage qui aurait pu fournir une intensité dramatique à cette aventure. On s'adresse aux enfants avec une histoire binaire, on croit viser les adultes avec quelques références cinématographiques (Seul au monde) ou musicales (disco seventies), mais au final, on s'ennuie un peu devant tant de désinvolture narrative. La techno-parade des Lémuriens, délire rappelant avec moins de brio la session rythmée des Orang-Outans du Livre de la Jungle, est par exemple trop longue et se termine en gentille paix des braves. Il n'y a aucune férocité, aucune méchanceté. Le comble avec un Lion et une Hippopotame parmi les deux protagonistes principaux! Tout le monde s'agite, mais personne ne pense à faire participer le spectateur à cette folie généralisée.
Entre ce discours caché sur le végétarisme (maladroit et peu crédible) et un désir homosexuel refoulé (et baclé), Madagascar passe à côté de tout ce qui aurait pu faire de lui un Toy Story version animale. Trop gentil ou trop simpliste, l'horreur de la vie sauvage n'est finalement jamais illustrée. What's a wonderful world devrait résonner comme un air décalé et parodique. C'est hélas juste utilisé comme un hymne à cette coexistence pacifique de nos amies les bêtes. Du premier degré. Histoire d'amitié absolue, le dessin animé aurait mérité un travail d'écriture à la hauteur de son coup de crayon.
 
vincy

 
 
 
 

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