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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Au suivant!
France / 2005
06.07.05
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JEUX DE ROLES
Le casting, c’est pas dans le cinéma ça ? Justement on en a un qui travaille aux archives et qui veut faire la Star Academy…
Brice est à Nice mais sa compagne dans la vie est restée à Paris pour tourner ce petit film rafraîchissant de début d’été : Alexandra Lamy (Joséphine) trouve l’interprétation juste face à un Clovis Cornillac (Bernard) au mieux de sa forme. Au départ, pourtant, deux handicaps. D’une part le sujet du film, une trentenaire parisienne travaillant comme directrice de casting à la recherche d’elle-même en particulier et de l’amour en général ; le genre de trame vue cent fois et qui n’amène souvent pas grand-chose au débat ; et d’autre part le choix d’Alexandra dont l’image est fortement associée à son personnage de la série télévisée Un gars, une fille à côté de Jean Dujardin. Le pressentiment est confirmé dans les premières dix minutes du film : on va assister à une histoire très « capitale » avec les états d’âmes d’une femme arrivée à l’âge de faire les premiers bilans, doublée de tous les lieux communs qui circulent sur le milieu du cinéma… Bonne surprise à partir de la scène où le chien de Joséphine meurt. Seul compagnon de notre héroïne elle lui offre une crémation dans une boutique spécialisée ; elle y rencontre Bernard qui assure l’intérim pour son frère. Insensiblement mais sûrement, avec maîtrise, Jeanne Biras quitte le registre du parisianisme et de la fille perdue qui se remet en question pour aborder une histoire plus intimiste sur la rencontre de ces deux personnages. Peu à peu une certaine douceur mêlée d’humour s’installe et on se laisse volontiers bercer. Cornillac virevolte, saute comme s’il était monté sur ressorts ; Alexandra Lamy joue au début l’effarouchée pète-sec genre « je vis seule, c’est un choix et je l’assume » et l’on rit de bon cœur à des situations, certes basiques (par exemple celle où Clovis-Bernard se prend pour James Bond et Belmondo à la fois en voulant escalader le HLM de Alexandra-Joséphine) mais efficaces tant par le jeu des comédiens que par des dialogues qui font mouche.
Un montage sec et rapide, une musique qui accroche et placée aux bons moments, des plans bien construits et un scénario qui malgré sa simplicité tient tout à fait la route : Jeanne Biras nous donne là une première œuvre bien ficelée, gouleyante et divertissante. Ajoutons y une pincée de seconds rôles bien campés comme l’assistante de Joséphine, Lucille, jouée par Juliette Roudet magnifique de niaiserie et greluche à souhait ; un réalisateur américain lubrique, Riley, beaucoup plus interessé par les croupes et les décolletés de tout individu de sexe féminin qui passe à sa portée interprété de façon presque inquiétante par Jerry Rudes.
Ce film ne changera pas la face du cinéma français mais il est le bienvenu au milieu d’un paysage quelque peu fade. On sent à de menus détails que Jeanne Biras a l’étoffe d’une vraie « auteur » et qu’elle peut nous gratifier de futures œuvres prometteuses. Il y a incontestablement un ton, une manière de filmer, quelque chose à dire. L’avenir devrait nous apporter de bonnes surprises. Olivier
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