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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Bride & Prejudice (Coup de foudre à Bollywood)
Royaume Uni / 2004
22.12.04
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PAS DE BOL SUR CE COUP
"- Je préfère le hip hop américain, mais comme dirait Glorian Estefan : quand le rythme s'empare de moi! "
Parfois le mélange des genres et des recettes donne un produit relativement insipide, et, heureusement, pas indigeste. Cependant, devant le cumul de clichés, nous nous révoltons devant ce cinéma d'un autre temps. Comme la réalisatrice de Joue-la comme Beckham, Gurinda Chadha, a-t-elle pu produire un tel ramassis de caricatures, désuétudes, et autres platitudes? Le mariage des Moussons (de Mira Nair) semble ainsi dix fois plus moderne.
Bien sûr tout cela est bien divertissant. Mais ni film purement bollywoodien, ni comédie purement anglo-saxonne, le film navigue entre deux eaux et nous laisse sur le gué, abasourdis. Perplexes. Emerveillés d'avoir admirer ces superbes femmes en saris colorés, et effrayés quand on voit leurs mères, fripées, grosses, ridicules, ringardes et mesquines. Admirateurs de ces hommes qui réussissent leur vie en Amérique, vivant ainsi dans la prospérité, seule base possible du bonheur, et effarés quand on voit leur manque de goût, leur immaturité et leur méconnaissance du genre humain.
Soupir. Comment peu-on encore parler du rapport nord-sud ainsi, même dans une comédie? Certes, le film respecte en tout point le dogme bollywoodien, mais il aurait mérité bien plus que ce son Britney Spears et cette chorégraphie Broadway pour nous enchanter et nous faire oublier Lagaan ou Chicago.
Le film ne semble donc exister que pour son actrice principale, la star de Devdas, Aishwarya Rai, certes spontanée, belle (sauf quand elle fronce les sourcils) et incontestablement le mannequin L'Oréal le plus séduisant (ses yeux clairs?). Hélas ce n'est pas une grande comédienne. Le premier plan, en jean's, jambe écartée, sur un tracteur, fait penser au jeu des années 30 où il fallait nous faire croire qu'une femme était comme ci ou comme ça. Nous allons ainsi nous noyer dans une certaine naïveté colorée à l'eau de rose. Guitare au coin du feu, mâle en chemise blanche dévoilant le torse épilé, la plage et le coucher de soleil. Authentique. Le plus exaspérant est justement la contradiction entre ce message - pour ne pas dire morale - qui vante l'Inde comme une culture résistante à l'envahisseur (occidental, donc américain) et un son complètement mondialisé, uniformisé, une fascination pour le business modèle individualiste et ultra libéral. On espérera que les enfants du métissage seront plus proches de la mère que du père...
Les personnages ne font pas dans le subtil, la mise en scène non plus. Grossier et direct, le film est loin de son modèle littéraire (Austen) et nous impose quelques idées préconçues et séquences déjà vues. Il est même inquiétant de voir que le premier film qui mélange Hollywood à Bollywood, qui mixte les siècles et les cultures soit aussi fade, aussi convenu, aussi peu remuant. Si bien que les délires (genre gospel sur Santa Monica Beach) nous laissent froids et le manichéisme nous agace.
Il faut toute la beauté fulgurante du regard de Miss Ray, en plein mélo, pour nous happer irrésistiblement dans cette mièvrerie. Tout est prévisible, jusqu'au final excessif. Too much! On en plaindrait le comédien, contraint d'avoir à jouer cette ultime scène ridicule.
Vincy
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