Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les Seigneurs de Dogtown (Lords of Dogtown)


USA / 2005

20.07.2005
 








FIGURES

« On va être en vacances d’été pendant les vingt prochaines années. »

Les tentatives autobiographiques au cinéma ne sont pas nombreuses. Par la voie du documentaire, The Kid Stays in the Picture, sorti le 6 juillet, retraçait les aventures du producteur Robert Evans, avec une profusion de documents photo et film à l’appui. Les Seigneurs de Dogtown prennent le risque de la haute complaisance en faisant le choix de la fiction. De ce point de vue, le film de Catherine Hardwicke est une relative réussite. Il y a, en tous cas, une volonté affirmée de raconter une histoire au plus grand nombre et pas seulement une envie compulsive de se ressasser quelques bons souvenir.

Que l’on soit amateur de glissades en tout genre ou pas, la réussite insolente de ce gang d’écervelés sympathiques fait un film, par moment, assez exaltant. Si l’on oublie la reconstitution des années 70, parfois superficielle, les comportements et l’attitude particulière de ces adolescents semble authentique. La réalisatrice filme au niveau des roues, du fin fond de son âme rebelle propre, non pas la vie réelle de cette génération mais le fantasme éternel de la jeunesse en quête de sensations. L’angle d’attaque est le bon : de ce sujet, léger s’il en est, pas de questionnement superflu à tirer. L’approche est aussi insouciante et naïve que le quotidien privilégié des surdoués mis en scène. Cette manière de faire est d’autant plus surprenante que Thirteen, le premier film de Catherine Hardwicke, avait choisi de faire le relevé précis des tourments d’une adolescente, sur un mode plus proche de Gus Van Sant ou de Larry Clark. Les Seigneures de Dogtown, film de commande, permet à la réalisatrice de céder à un appel plus spectaculaire qui était déjà en sommeil dans la forme quelque peu tape-à-l’œil de son premier long-métrage.

Malgré la fraîcheur de l’ensemble, le projet montre tout de même rapidement ses limites. Au delà du récit de cette ascension extraordinaire, de cette vie résolument effrénée et parfois subversive, le dernier tiers du film glisse vers une dénonciation convenue des méfaits de l’argent et du professionnalisme à outrance dans le sport. L’histoire devient alors moins engageante et réserve même quelques scènes particulièrement ratées, comme celle du concours indoor. De même, ces personnages qui nous semblaient proches, accrochés à leur banlieue minable, s’éloignent à mesure que la célébrité les gagne, pour n’apparaître à la fin que comme des personnages quasiment secondaires, en l’absence d’un rôle principal. Dans le même mouvement, le film s’éloigne de nous, spectateurs, jusqu’à la dernière scène de retrouvaille, empruntée et assez dénuée d’intérêt.

Reste un certain plaisir à rejouer notre jeunesse réelle ou fantasmée, idéal le plus répandu du moi juvénile, débarrassé de ces contraintes, bondissant, inconséquent, à cent à l’heure. Ces personnages, mythiques pour beaucoup d’amateurs à travers le monde – en particulier le dénommé Jay Adams, interprété par la révélation Emile Hirsch - participent à cette vie rêvée, qui ont le sait bien, constitue l’essentiel des bonheurs adolescents.
 
Axel

 
 
 
 

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