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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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On a clear day (Une belle journée)
/ 2005
07.12.05
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LA VIE AQUATIQUE
"- J'ai encore cassé un vase.
- Celui qui était fêlé?
- Non l'autre."
Le cinéma britannique nous surprendra toujours avec son savoir-faire "scénaristique". Malgré quelques défauts dans la cuirasse, et des flous qu'on soupçonne d'avoir été entretenus pour rendre le film plus onirique que son sujet, On a clear day est un 100 minutes libres gagnant. Gaby Dellal a su dépeindre cette Angleterre sociale qui a le blues, la dépression d'un homme qui ne parvient pas à oublier un drame, tout en nous faisant rire avec quelques détails, des dialogues ou des personnages secondaires; le fil conducteur a été, selon les comédies, l'apprentissage de la danse (Billy Elliot), l'approche des sunlights (Little Voice), une séance de strip intégral (The Full Monty) ou encore la rupture avec la culture d'origine (Fish & Chips). Parfois, à l'instar de Joue-la comme Beckham, on multiplie les critères (apprentissage, rupture, initiation). On a clear day se rapproche davantage de The Full Monty (un défi de fous) et de Billy Elliot (apprendre pour soi, casser une spirale infernale et surmonter un deuil). Ici ni string rouge (il y a bien cette culotte rose de femme que porte Danny...) ni tutu (les maillots de bains suffisent) : la cinéaste a choisi la traversée de la manche à la nage pour nous faire palpiter avec son histoire d'enfant(s) perdu(s).
Et si le film touche aussi bien sa cible - nous - il le doit autant à un scénario généreux en émotions qu'à ses comédiens, Peter Mullan en tête. Celui-ci passe de la dépression la plus muette à la stupéfaction du comateux qui se voit revivre en passant par le regard plein de dérision sur les pantins qui s'agitent autour de lui. La galerie de personnages secondaires est riche en caractères : du fils à la femme (merveilleuse Brenda Blethyn, as usual), de ses potes (fantasques et burlesques) aux cons vaniteux qu'il subit. Du coup, nous passons du rire aux larmes, de la compassion à la joie de voir tout ce petit monde aller mieux, vers la fin.
Ce n'était pas gagné vu le bourdon ambiant : licenciement, hôpitaux, deuil non résolu, cumul des échecs... Bande de "losers". Petit à petit, la cinéaste essaie de dénouer tout cela avec un regard justement très féminin. Les hommes y sont ridiculisés dès qu'il s'agit d'exhiber une forme de virilité apparente. Elle les préfère bons papas au foyer ou écossais romantiques en kilt. Elle renvoie au panier toute brute ou macho puéril. Elle permet aux soumis et aux frileux de renaître en prenant confiance en eux. Enfin, en une scène tout est dit : il y a celui qui se vante d'avoir une cicatrice de morsure de requin. Ce à quoi l'autre réplique en montrant des points de suture du à une chute de vélo. Si les femmes ont aussi leur rôle à jouer (pragmatiques, elles travaillent), c'est aussi dans une vision du couple qui se veut rassurante, complice, franche. Qui peut faire sourire même.
Ce regard attendrissant sur ces gamins devenus mecs (ou croyant l'être) est aussi une manière d'aborder la relation père/fils sous un autre angle : ici peu de rivalité, mais bien de l'incompréhension, du malentendu. les femmes font alors officie de trait d'union. Mais dans tous les cas, il s'agit bien de combats individuels, à ne régler qu'avec soi-même. On a clear day ne fait pas revenir l'enfant perdu parmi ces mâles paumés. Le film, sans la subtilité d'un Moretti dans La chambre du fils, aide à faire le deuil, à travers une séquence de cinéma - la nage : du mouvement. Et si parfois le découpage est un peu trop "frénétique", ne laissant pas tant de temps que ça à l'immersion en eaux troubles, par peur, peut-être, de dévier du divertissement, Dellal s'offre quelques beaux moment quand elle colle sa caméra sur les profils de ses êtres si humains.
Dans ce contexte on ne peut plus classique, entremêler tant de petites histoires et de relations pouvaient s'avérer casse gueule, surtout en maniant aussi bien l'humour que le drame, la noirceur d'esprit avec la légèreté de certaines situations. Le film, ajouté à une musique adaptée et agréable, à une photo intéressante et embellissante, reste un de ces coups de coeur du public pour une première oeuvre peu surprenante, mais inattendue.
De la baignoire à la piscine, de cette mer dévoreuse d'enfant à cette marée capricieuse, le monde aquatique dans lequel nous nous immergeons n'est finalement qu'un cocon foetal où nos blessures, nos fêlures semblent anesthésiées. Dans cette époque qui casse des vies, qui brise des gens, , qui noie nos libertés, traverser la Manche peut s'avérer futile. Ou indispensable pour se sentir (encore un peu) exister. On a clear day, en réveillant nos zygomatiques ou nos glandes lacrymales, arrive au même résultat. A peu de choses près. vincy
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