Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Familia


Canada / 2005


 



FEMMES, ILS, AH.





"- Je ne tolère pas que ma fille devienne une dévergondée."

Retirons tout de suite l'épine du pieds : Familia est un film moralement discutable. Louise Archambault a une vision un peu binaire, pour ne pas dire simpliste, des hommes et des femmes. Et disons-le peu propice pour réconcilier les sexes. Les hommes sont, au choix, lâches, libidineux, violents, crétins, violeurs, joueurs, infidèles, absents. Merci pour le portrait. Dans ce cas, on comprend mal pourquoi les femmes les aiment encore. Côté femmes, la maternité les sauve et même les excuse de leur monstruosité : le vice du jeu, l'irresponsabilité, la tyrannie, la manipulation, le sectarisme, et à tous les âges, l'hystérie. Mais, comme elles n'ont pas d'hommes, il faut leur pardonner. En 2005 écrire de tels personnages relève d'un combat d'arrière garde (et de haine dépassée). Psychologiquement, si tout se tient, chaque personnage est à la limite de la caricature. S'embarrasser des hommes aurait sans doute créer des nuances, des contradictions, plutôt que de se complaire dans ses failles, ses défauts.
Car il y a une sorte d'échec constaté. Personne n'apprend, ne s'améliore. Chacun reste dans ses certitudes et ses déclarations, hormis peut-être les gamines, plus influençables. La faible empathie que l'on éprouve pour ces femmes provient encore d'un portrait impitoyable sur ces féministes frustrées. L'absence de second degré nous fait craindre un discours trop primaire, tout juste sauvé par les deux adolescentes qui ne veulent surtout pas être comme leurs mères.
Et si l'on s'attaque autant au scénario c'est bien parce que la mise en scène, certes classique, les comédiennes et la musique n'ont pas grand chose de critiquable.
De l'éducation aux événements de la vie, des gênes héréditaires à l'influence de chacun, nous suivons l'évolution sur trois générations de mères et de filles. Puisque les pères sont tous les mêmes. Le ton est tendre, divertissant, rebondissant, digne des grands mélos : tout y passe, de cette femme sans gène qui s'incruste à l'internet diabolique laissé aux yeux des enfants, d'une ado enceinte à une femme cocue... Cela aurait fait un excellent soap pour la télévision québécoise.
En manquant de subtilité et en ne proposant aucune autre morale que celle du conservatisme, Archambault devient le membre d'une génération de cinéastes dépeignant les trentenaires bourgeois coincés dans leur principes, à l'instar d'Attal en France ou Muccino en Italie. Les films sont bien faits, les scénarios tiennent debout, les arcanes des relations humaines explorent toutes les situations possibles : mais tout cela manque de vie, d'audace, de beauté. D'humanisme. Le regard sur ces névrosés est au mieux cynique au pire consentant. Ni drôle, ni drame. Juste une chronique chic dénaturée. C'est à dire anesthésiant tous sentiments pour créer artificiellement des crises relationnelles. Pour nous faire exister?
Pour le coup, trop sage, Familia aurait mérité un peu plus de vices, et un peu moins de vertu. Un peu plus de finesse plutôt que l'ambition d'être lisse. Heureusement, les quatre actrices principales insufflent du charme et leurs failles pour accepter cette invitation à observer leurs familles. Quant à la réalisatrice, on lui propose peut-être de régler son compte avec les hommes, qui ne pensent pas tous avec leurs biceps ou leur queue. Sinon elle finira comme Breillat. Et ce n'est pas un compliment.
 
vincy

 
 
 
 

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