Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Un couple parfait


France / 2005

08.02.06
 



UN FILM FRANCAIS





"- Ecoutes hein, c'est Rilke qui écrit sur Rodin."

Après Ozon qui remontait l'histoire d'un couple à l'issue fatale (5x2 avec Bruni-Tedeschi), voici Nobuhiro Suwa qui scrute un couple qui se sépare (toujours avec Bruni-Tedeschi). Ou plutôt qui se désintègre. Il n'y a pas plus "français" que ce film. D'ailleurs, dès la troisième scène, on se retrouve dans un resto. C'est dire. Ce ne serait pas le pire si l'ensemble du film n'était pas qu'une suite (lente et rébarbative) de clichés d'un certain genre de cinéma; celui qui se complaît dans les discours vides et prétentieux, dans des personnages creux et caricaturaux, dans un style pseudo tragique sans une once d'ironie. Pas de second degré dans ce cadre bourgeois, mondain, superficiel et con, pour reprendre les termes de sa protagoniste principale, parlant de son mari. Le couple n'a rien à se dire, mais leur milieu non plus. Et quand ils ont quelque chose à se dire, ils le bafouillent, le murmurent, le marmonnent. Si l'on perçoit des phrases audibles, c'est pour s'apercevoir que ça n'a pas grand intérêt. Le silence comme arme anti-destruction?

Artistiquement, en revanche, il y a quelque chose de fascinant : on peut y même trouver un motif à vivre cette expérience insolite. Critique involontairement drôle d'un couple, ce pastiche de drame romantique parisien s'éteint dans le vide existentiel que crée un "divorce". Grâce à une réelle direction artistique, Un couple parfait se désagrège au fil des minutes, physiquement, mentalement, cinématographiquement. Les comédiens, école Chéreau, nous prouvent qu'ils sont excellents dans l'improvisation y compris hors-cadre, sur le thème de la séparation... Un tournage qu'on imagine passionnant pour eux. Moins pour nous si l'on parle de plaisir. Le film est avant tout cérébral, abstrait .

Car si l'on résume, il s'agit d'un film où l'on entend pas grand chose et où l'on ne voit pas plus. Bruni-Tedeschi hérite souvent de la lumière, mais la plupart des plans sont dans le noir, à contre jour. De l'obscurité pour souligner le crépuscule d'un mariage. Mais là aussi il n'y a presque rien à voir. Dans le mal être, que regardons-nous? Des portes, des chaises, des visages, des verres. Réalisme onirique intéressant. Mais cela ne fait pas palpiter un spectateur, en mal d'émotions.
Le film énumère toutes les raisons pour se séparer. Rester ensemble se révèle plus difficile à convaincre. Le scénario se déroule fastidieusement jusqu'à un final où seuls les corps parlent. Unique réponse dans un film qui manque de chair, d'essence?

"Il se passe plein de choses tout le temps", dit-elle. Sauf ici. Mais peut-être est-cela qu'il fallait voir : le néant d'un couple dont les batteries sont à plat. Tout se tient, de la psychologie à l'ennui, de l'image aux comédiens hors cadres. Cela restera réservé aux quelques initiés qui auront envie de vivre une forme de cinéma contemporain.
 
vincy

 
 
 
 

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