Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mah Nakorn - Citizen Dog


Thaïlande / 2005


 



CITY PAS ZEN





"- Devenu ours sans abri, il déambulait le jour et regardait la lune la nuit..."

Pas de doute le cinéma thaïlandais est en train d'imprimer sa marque : diversifié, maîtrisé, singulier. Citizen Dog serait l'équivalent saveur thaï du Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Ici celui de notre pote Pod. La fatalité de ce jeune homme est de tomber amoureux d'une jeune femme sans parvenir à déclarer sa flamme. Evidemment Wisit Sasanatieng transforme cette fable - avec la tradition du récit oral et cette voix off qui nous raconte tout - en délire visuel et musical.
Faut bien s'échapper du réel. Les chansons, l'imagination en sont les plus beaux moyens. Le cinéma semble le redécouvrir depuis quelques temps. Très fidèle à la culture populaire de son pays, cette comédie puise ses déviances dans le bizarroïde, des phénomènes les plus énormes comme une montagne de bouteilles de plastique en pleine métropole aux détails les plus délirants. De sales manies en tics débiles, le cinéaste nous divertit avec une ambiance ultra colorée, des effets visuels canons, des scènes comiques ; et surtout une galerie de personnages hilarants comme ce lécheur de tout (l'oreille d'une passagère du taxi) et n'importe quoi (chaussure, écran de télévision). Ou encore cette descendante des Ming qui fait l'amour dans des bus bondés, cette femme enfant de 8 ou 22 ans (entre biberons et clopes), ce nounours qui prend vie, ce prince de roman photo qui s'anime dans le réel, ce moto taxi mort vivant après avoir été tué par une giboulée de casques fushias...
Ca ne manque pas de grands moments, qui parfois surprennent. Une succession de vignettes plaisantes et drôles. Citizen Dog est une fantaisie absurde destinée à nous faire rire des angoisses de chacun, qu'elles nous dépassent (la protection de l'environnement) ou qu'elles nous touchent (la poursuite de nos rêves). Tout est à l'image de cette réincarnation déjantée de la grand mère en gecko qui interpelle la conscience de notre héros, en train de ses suicider. La bluette se mue parfois en gros coup de blues. Et le réalisateur d'en profiter pour régler ses comptes avec le productivisme comme l'uniformisation (avec cette vision d'horreur où tous les habitants sont habillés en robe bleue azur). Mais surtout, il s'amuse avec des sous entendus moins romantiques et plus graveleux : un livre en italien qui révèle un lourd secret (aux connotations sexuelles vicieuses) ou encore une population dotée d'une queue frétillante. Bangkok, capitale caudale. Et le seule homme sans queue, vraisemblablement puceau, devient celui dont on veut caresser le cul... Hum.
"Heureusement", cela reste romantique et naïf. Comme un soap asiatique, avec slows, pop, et histoire d'amour idéale (c'est à dire sans cynisme et pleine d'illusions), Citizen Dog, dans la veine de Satree Lek - Iron Ladies, confirme l'émergence de la comédie asiatique cinématographiquement exportable. A l'instar des récentes productions de Bollywood, techniquement et scénaristiquement mieux faites. Cela ne l'empêche pas de conserver son folklore - attirant - et sa candeur - rassurante. L'imagination au pouvoir et la subversion encore obligatoire donnent un goût peut-être plus épicé que les équivalents formatés venus d'Occident.
 
vincy

 
 
 
 

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