Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Une aventure


France / 2004

31.08.2005
 



LES FANTOMES DORMENT AUSSI





S’il est des amateurs de cinéma taciturne à vous glacer le sang durant les longues soirées d’été, le film de Xavier Giannoli s’adresse à eux. Aucun trésor ni Graal au bout de cette aventure dont le décor se résume quasiment à une rue du 15ème arrondissement. Les enjeux, pour celui que l’on a du mal à appeler le héros, tant il est impénétrable et réservé, sont simples. Dès la première apparition de la somnambule, dès même les tous premiers plans, la tragédie dans laquelle s’embarque irrémédiablement le dénommé Julien (Nicolas Duvauchelle) est évidente pour tout le monde. Attiré comme un papillon de nuit à une ampoule, avec une curiosité et un coup de foudre aussi malsains l’un que l’autre, le jeune homme semble à la fois mesurer et passer outre les risques qui se présentent à lui. Il est dès lors difficile pour un film de genre de tenir son spectateur en haleine, à mesure que le « héros » sombre dans un comportement irrationnel. La tendance est alors à la dessolidarisation.
Le jeune Julien fait d’ailleurs assez peu d’efforts pour se rendre sympathique. Arborant une expression d’enfant boudeur en toutes circonstances, sa loquacité de moine trappiste joue à cache-cache avec son sourire. Pourquoi d’ailleurs sourirait-il au spectacle affligeant des déambulations fantomatiques et dépressives de la pauvre Gabrielle qui précipite intempestivement sa chair de porcelaine sur tout objets coupant disponible dès que le sommeil la gagne. Austère programme donc que cette variation bergmanienne déguisée en thriller.

Pour autant, les indéniables qualités de mise en scène d’Une Aventure restent perceptibles à travers cette épaisse noirceur. Malgré le désormais traditionnel « flash-forward » en introduction – Julien monte dans l’appartement de Gabrielle, le lit est rouge de sang, la police est à l’entrée puis le film commence dans l’ordre - qui préfigure le dénouement pour créer le suspense, malgré cela donc, le mince scénario d’Une Aventure est remarquablement bien découpé. Grâce à un montage des plus justes, un choix de ce qui est montré et de ce qui ne l’est pas bien senti, le déroulement du récit est fluide et subtil. La nature des rencontres parisiennes n’en ressort que plus frontalement, dans toute sa froideur méfiante. Les uns et les autres se livrent perpétuellement une déplorable mini guerre froide psychologique, très caractéristique de la vie de la capitale.

Enfin, la résolution finale, à la moralité légèrement subversive, comme il se doit dans les cinémas de notre temps, fait table rase. La déflagration de la violence, enfin tournée vers l’extérieur, ferme cette parenthèse qui ne demande qu’a se rouvrir : l’incapacité à vivre du personnage et la difficulté à jouir d’un cinéma français maussade.
 
Axel

 
 
 
 

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