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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Virgil
France / 2005
07.09.05
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RAGE N' BULLES
"Si tu voulais que je cause, il fallait l'ouvrir avant."
Parlez-moi d'amour, dites-moi des choses (pas) tendres. En famille comme en amour, ça ne plaisante pas quand on vient du ring. Jalil Lespert nous avait habitués à ses interprétations de fresques auteurisantes. Le voici tout de go dans un pop movie tragi-comique, hésitant entre romance contrariée, portrait masculin, drame familial et toile urbaine. Autant dire qu'il faudra s'accrocher. L'excellente mise en scène de genre de Mabrouk El Mechri ne suffira pas à sauver ce film qui file à pleine vitesse en toutes directions sans véritablement parvenir à tenir son sujet. Priorité à la volubilité plastique, survoltage et charme jazzy à la clé. Un bon point pour le jeune cinéaste. Priorité aussi (hélas) à l'hermétisme de ses personnages, ici empoigné et servi à toutes les sauces. L'inéluctable conséquence de la vie moderne en milieu strcitement masculin, dira-t-on. Reste que ces histoires de mecs ultra virils tendent traditionnellement à tourner en rond. Il ne faudrait pas se croire chez Scorsese ! Virgil n'échappe pas à la règle. Dès la première séquence, on reniflera à plein nez l'imposante influence de Luc Besson, tant esthétique que scénariste. Au pire sa forme sur ce dernier point : KO pressenti dès l'ouverture du combat… Allez Jalil !
Le comédien, aguerri à bien plus de subtilité et entièrement dans son rôle, remontera tant que faire se peut la barre. Jean-Pierre Cassel y mettra lui aussi toute son énergie. Reste Léa Drucker, manifestement diminuée par son personnage invariablement accro aux rapports de force. Un trio inégal. Le trentenaire paumé, l'aïeul grande gueule et l'emmerdeuse. Assurément facile, d'autant que Mabrouk El Mechri y va de la maxi dose, faisant fi, exception faite du final, des vraies sphères qui font toute la valeur de son film. Nous l'aurons compris, Virgil coure sur ces thèmes féconds que sont l'ouverture aux autres, le partage, l'échange, qu'il soit d'ordre amoureux ou intergénérationnel, la filiation, la transmission, la masculinité et la féminité. Reste que le traitement du réalisateur se fait bien trop timide. El Mechri choisit la volubilité par le non-dit, faisant passer toute son intrigue par la seule pudeur entêtée de ses protagonistes. Naturellement, à trop s'enfermer et ainsi même se compliquer la vie, nos amis finiront par s'engourdir. Des situations qui, bien que portées par un évident sens de la dérision, convertiront très vite le film en un bout à bout de scènes au point mort. Un scénario qui pêche en intensité malgré toute la force de frappe esthétique de Mabrouk El Mechri. Le jeune cinéaste est prometteur, à condition qu'il trouve son propre terrain, qu'il se nourrisse sans se lester de ses influences. De surcroît au temple de la comédie grand public.
Sabrina
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