Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Café de la plage


France / 2002

30.01.02
 



LA HAINE DES FAIBLES N'EST PAS SI DANGEREUSE QUE LEUR AMITIE.

Le livre Bye Bye Bahia



"- Cet homme n'est pas ton ami et il ne veut pas de ton amitié."

Une esthétique visuelle appréciable : les paysages rocailleux qui bordent la Méditerranée sont superbes… Des rapports d'homme à homme conflictuels, déséquilibrés, voire incompréhensibles : Driss, le protagoniste central de "Café de la plage", qui donne incessamment de sa personne pour un autre homme plus âgé, Fouad, sans jamais recevoir de retour digne et loyal… Des assauts féminins à contrôler, voire repousser : un cercle de jeunes filles sollicite la libido de Fouad, qui reste toutefois très ferme quant à son envie de n'aimer qu'une seule femme à la fois… Un rythme narratif nonchalant happé par le clapotis des vagues contre les rochers… Tels sont les ingrédients scénaristiques que nous offre ce deuxième long métrage de Benoît Graffin. Adapté d'une nouvelle de Mohammed Mrabet, retranscrite par Paul Bowles, le scénario de Café de la plage a été réécrit en collaboration avec André Téchiné, sensible au caractère atonal du récit, à son absence revendiquée de toute dramaturgie.

L'expression de la culture orientale, renforcée par une énergie visuelle intacte, est dépourvue de toute critique socio-politique du monde arabe. Dans sa mise en scène, Benoît Graffin ne veut pas fustiger les conditions de vie des Marocains mais simplement retranscrire un univers exotique dans lequel vient se fondre l'intimité, la complexité et la contradiction des personnages.

La virilité est au cœur de l'intrigue narrative. Deux épaisseurs (révélant chacune des antagonismes) sont à envisager dans les relations qu'entretient Driss avec ce fragment d'humanité. Tout d'abord, ses émois, ses déceptions, sa persévérance et son acharnement menés de front pour Fouad qu'il voit comme un père. On s'interroge en permanence sur les motivations personnelles de Driss dans ses rapports avec Fouad. Pourquoi s'entête-t-il donc à poursuivre sa quête permanente d'un échange amical avec ce vieil homme, après avoir subi moult humiliations, mensonges et impostures morales ? Fouad, au tempérament aigri, acariâtre et mythomane, n'éprouve aucun scrupules à lui casser du grain derrière son dos : il reproche à Driss d'agir comme une pute. En effet, Driss fréquente des Européens et couvre Fouad de cadeaux. Seulement ce dernier est un vampire : il accepte ces offrandes mais ne donne rien en échange. Il aspire ses proies avec une froideur énigmatique. Quand il profère des insanités sur le mode de vie de Driss (il n'aimerait pas les femmes, ne traînerait qu'avec les Européens, se laisserait enculer par les touristes à condition de le payer très cher), ce dernier lui prouve sa virilité en couchant avec une traînée. Face à ces rapports d'une dissymétrie psychologique irréfutable, c'est l'imagination du spectateur qui est activée pour tenter d'en expliquer les motifs profonds. D'un autre côté, les jeunes filles qui tournent autour de Driss, symbolisent une soif de liberté extraordinaire. Le pic culminant de cette révolution féminine intervient lorsque Betsoul, la petite amie officielle de Driss, lui propose de partager la couche de son amie Zineb, uniquement pour le rendre heureux… Cependant, Driss reste fier et droit ; il ne désire aucunement trahir la loyauté qu'il cultive envers soi.

Benoît Graffin réduit le dialogue de ses protagonistes au strict nécessaire : certes, les échanges de regards sont poignants de vérité et illustrent bien les rapports de force entre les personnages. Mais ils laissent planer un mystère évident.

La dimension irréaliste de l'histoire peut troubler quelque peu la crédibilité du spectateur. Néanmoins, ce vide psychologique qui berce la trame scénaristique de Café de la Plage est un choix délibéré que le cinéaste assume ouvertement : "Ce vide est une force d'aspiration, une force de cinéma, un questionnement… Le questionnement sur la virilité, sur l'humanité qui reste incertain tout au long de l'histoire…". Selon Benoît Graffin, la fragilité des rapports humains est une problématique dont l'issue reste en suspens. Il n'empêche que cette justification du "vide" n'assouvit pas notre appétit d'en savoir plus…
 
agnès

 
 
 
 

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