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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The 40 Year-old Virgin (40 ans, toujours puceau) (40 ans, toujours puceau)
USA / 2005
09.11.05
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L’EROTISME DES AUTRES
« - La plupart des types ne savent pas parler aux femmes
- Je suis sensé leur dire quoi ?
- Rien. »
Comme la plupart des joujoux de collection, des figurines de super-héros disposés fièrement aux quatre coins de son appartement, Andy Stitzer est encore sous emballage d’origine. Tient-il son propre corps pour sacré, intouchable, trop fragile ou met-il la chatte sur un piédestal, comme se plaisent à lui répéter ses camarades chafouins (« you’re puttin' the pussy on a pedestal ! »). Andy, probablement, ne le sait pas lui-même, trop occupé à détourner sa pensée de tout ce qui pourrait lui rappeler sa misérable vie sentimentale. A cette occasion le film emploie la tournure très à la mode (à la télévision surtout) de la contradiction par l’image : lorsqu’il nie sa solitude et dit quelque chose comme « j’ai une vie bien remplie », un flash-back énergique le montre dans divers situations plus ou moins pathétiques, jouant du tuba, astiquant ses figurines ou que sais-je. Les quarante années que le film ne montre pas semblent avoir été consacrées à habilement se détourner l’attention du sexe faible, sacrifiant la moitié de la population mondiale à l’adage « loin des yeux, loin du cœur ».
A ce petit jeu, Steve Carell, pantin admirable du ventriloque divin Jim Carey dans Bruce tout puissant, est imbattable. Il invente son propre style, ne pioche pas dans la gamme des meilleures mimiques de sitcom et c’est bien. Carell fait son travail d’acteur et s’attache à réagire à la situation simplement en fonction de la situation. Du coup, 40 ans, toujours puceau n’a pas l’aspect préconçu de certaines comédies américaines qui sont parfois plus proches du musée à automates que de la mise en scène.
Même si les auteurs, respectueux de leur cahier des charge, créent tout le panel de situations rocambolesques qu’exige le sujet (Andy s’essaye à la drague, Andy se fait beau, Andy et le mystère de la capote…), l’essentiel du comique vient des dialogues. Apatow et Carell profitent de la relative liberté qui leur est donnée pour passer par tous les stades du commentaire libidineux, sans jamais totalement sombrer dans le graveleux. Des joutes verbales sur « pourquoi je sais que tu es gay » aux encouragements salaces des trois collègues, c’est toute la logique de la performance sexuelle sociale qui est utilisée et ridiculisée. Car, en effet, plus le film avance, plus l’anormalité bascule du coté des copains à la vie sexuelle sensément saine. Andy se révèle timide transit d’amour, alors que les autres s’enfoncent dans l’étrange consumérisme érotique que la société américaine tient pour acquis. Un film peut-il à la fois attirer son client par son penchant au voyeurisme (puceau, ah oui ?) et lui faire la morale parce qu’il regarde du porno ? Apparemment. D’ailleurs, la critique n’est pas assez féroce pour que l’on puisse lui en tenir grief.
40 ans, toujours puceau va chercher ses références dans ce qui traverse le plus couramment nos sociétés. La figure quasi mythique du « nerd » (looser, en Français), persiste à Hollywood et se fait réservoir inépuisable à personnages. Ici, le film évacue assez rapidement le socialement grotesque (du jour au lendemain tout le magasin est au courant, Andy s’enfuie en courant, est rattrapé, c’est réglé) et va de l’avant. En chemin, quelques (rares) gags ne manquent pas de tomber à plat ou dans le vulgaire mais - sans toutefois atteindre des sommet d’imagination - 40 ans, toujours puceau s’en sort pas mal. axel
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