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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ca ira mieux de main
France / 2000
15.12.00
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C'ETAIT MIEUX AVANT
Jeanne Labrune en est fier, elle a labellisé son film "fantaisie". Ce qui signifie léger, spontané, ensoleillé. Ca ira mieux demain aurait pourtant pu se porter mieux.
Pas que les névroses obsessionnelles de ses personnages contaminent la réalisation. Mais au delà d'une campagne marketing séduisante, d'un casting aguicheur et du script typique "comédie à la française", on a beau gratter, on se creuse la tête pleine de perplexité.
Devant cet abyme de superficialité, où le non sens conduit à cette "grande" citation finale ("Ca ira mieux demain", rapport avec le titre), Labrune filme un quotidien pittoresque, absurde, banal, plein de queues mais sans tête.
En revanche tout le monde s'entête à toujours vouloir avoir raison. Ces bavardages incessants entraînent une communication et une écoute absentes, paradoxalement.
On pourra toujours s'intéresser au sort d'un meuble en bois dans une cave - prétexte à tout le scénario - il n'empêche qu'à force de trop nous ressembler, de ne pas être assez fous ou d'être trop excessifs, bref sans la nuance subtile d'un Jaoui-Bacri, la sensibilité sensuelle d'un Vénus Beauté ou les délires extrêmes d'un Veber, on ne s'attache pas aux personnages, aussi affectifs soient ils.
Ca ne vient pas des acteurs, tous parfaits. Mentions spéciales à Darrieux, éblouissante et jeune, et Carré, impeccable. Et prix d'excellence à Darroussin, qui montre une fois de plus l'étendue de son jeu, élargie une fois de plus.
Non décidement, ça irait mieux si la réalisation avait été plus inventive, moins plate. Si le montage avait été plus punchy ou moins télévisuel. Si le script avait été plus riche, en dépassant le stade de la chronique illustrative pour toucher à l'universel. Le film ressemble plus à un chewing gum perdant vite sa saveur qu'à un strepsil allégeant nos malheurs.
Il y a évidemment des moments comiques ou réussis (l'engueulade dans la voiture, les personnages qui pensent à haute voix); mais aussi des scènes où le grotesque rend pathétique le discours. On a pitié pour l'exhibitionnisme de Dominique Besnehard (en slip et chaussettes rouges) qui gâche les portraits de mamies (Darrieux, mais aussi Joly).
La faute en revient essentiellement à Labrune. Jeanne n'a pas eu le crayon formidable. Scénariste du désastreux Vatel, réalisatrice du faussement provocateur et véritablement sordide Si je t'aime prend garde à toi, elle ne prouve pas son aisance dans chacun des registres. A partir de cette bonne idée, on aurait aimé la voir pousser plus loin que la traditionnelle scène de café, que ce florilège de caricatures freudiennes, que ces images mal cadrées et qui n'évoquent rien ou ne font rien ressentir. Ici il n'y a ni amour, ni haine. Juste des dialogues qui font ricochet.
Le rythme compense souvent la vacuité des propos. Le plaisir de voir les acteurs contribue certainement au désir de connaître leur histoire jusqu'au bout. Mais on aurait aimé s'emballer, senthousiasmer, répéter des répliques, et même se prendre d'affection pour cette vieille commode... Dans le genre névrotique hilarant, attendez le prochain Woody Allen. vincy
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