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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Matador (Même les tueurs ont besoin d'amis)
USA / 2005
16.11.05
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L'EMMERDEUR
"- Je suis comme un mac thaïlandais un dimanche matin après le départ d'un bateau de la Navy."
A l'instar du Tailleur de Panama, film noir qui flirtait avec le sang chaud des tropiques, Pierce Brosnan continue de détruire son personnage de James Bond. Saccager le mythe du porte flingue en l'humanisant, comme on "démocratise" tout héros sacralisé par une certaine littérature. Volonté autodestructrice mise en scène à travers des polars décalés révélant finalement une profonde solitude contemporaine (celle des voyageurs comme celle des tueurs) mais aussi une société corrompue et cynique. The Matador se rapproche ainsi du Boorman. L'humour et les longueurs en plus. Après un démarrage en fanfare où l'impassible Brosnan, héritier en cela de l'humour britannique flegmatique, traverse un monde dévasté par une multitude de chaos, la comédie s'enlise à certains moments en s'égarant de son ton ironique. Sans les efforts louables de l'ex 007, le film serait tout juste regardable.
Car le scénario est rapidement déséquilibré. Le tueur - séducteur et dépressif, par son parler politiquement incorrect, au bord de la grossièreté (puisque la crise de nerfs est actée) et libidineux - se transforme en boulet alors qu'il était le moteur. Ce qui aurait pu être subversif (en le transformant en virus salutaire contaminant le parfait petit couple américain) devient de simples saynètes parfois trop sentimentales. Greg Kinnear, apparemment idoine en mec modèle, banal et fade, est hélas trop modèle, banal et fade pour susciter un intérêt. N'est pas Pignon qui veut, vite effrayé d'un rien. Il plombe légèrement l'ambiance de ce film décalé se permettant, pourtant, une critique jouissive sur les rêves de cow boys du spectateur lambda et le nihilisme certain des héros qu'on admire. Freud se serait régalé.
Et sans le twist final et un complot habile, sans ce profil précis et à contre courant du "Matador" en question(s), le film aurait rapidement perdu de son panache. Il ne s'agit pas de croire si c'est plausible, factice ou purement spectaculaire. Mais en tournant trop autour du nombril de ce flingueur, le film se tire une balle dans le pied, sautille sur lui-même plutôt que de nous emballer et nous percuter.
Divertissement plaisant, on se souviendra surtout du premier tiers, plus inspiré que le reste de cette corrida où le taureau semble un peu daltonien au point de ne plus voir rouge. A notre grande frustration. vincy
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